• Jupiter ascending, de Lana & Andy Wachowski (USA, 2014)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans l’une des trois grandes salles puis dans l’une des plus petites

Quand ?

Vendredi matin la semaine de la sortie, à 9h30, et deux semaines plus tard mardi soir, à 20h

Avec qui ?

Seul, puis MonFrère

Et alors ?

Jupiter ascending (jetons sans plus tarder à la poubelle le titre français et son destin de l’univers) est le premier long-métrage simple de la carrière continûment compliquée des Wachowskis. Dès la trilogie Matrix, puis plus nettement encore dans Speed racer et Cloud Atlas, le programme de divertissement devait laisser une place conséquente à la théorisation sociale ou économique et à l’expérimentation cinématographique. Rien de tel ou presque dans Jupiter ascending, où les Wachowskis se fondent autant que possible dans le moule du blockbuster de studio garanti sans arrière-pensées ni « prises de tête ». Mais tout est dans le « ou presque ». Les Wachowskis sont incapables – et c’est heureux – de ne pas être queer, inhabituels, exubérants. D’où le crash commercial de Jupiter ascending : ils ont beau s’appliquer et jouer le jeu, leur nature profonde transpire trop à l’écran pour ne pas agir comme une barrière pour le public mainstream.

Les Wachowskis arrivent à faire plus simple qu’à leur habitude, mais pas aussi simple que ce qu’on leur demande. L’histoire de Jupiter ascending, aussi incroyablement généreuse que désordonnée, en est la démonstration évidente. Sa matière condense un feuilleton en deux petites heures, sa conduite donne l’impression que les Wachowskis commencent par renverser la boîte du puzzle sur la table, jetant toutes les pièces en désordre, puis refont le puzzle avec nous jusqu’à ce qu’il soit complet. Interdiction de laisser son cerveau à l’entrée, selon l’expression consacrée, même si l’effort requis n’est pas vraiment violent. Car il s’agit essentiellement de se laisser porter par le système narratif mis en place, évoquant l’écriture automatique dans sa manière de sembler se demander constamment ce qui dans chaque scène, voire même chaque plan, est en mesure de rendre la scène ou le plan suivant excitant et jubilatoire en soi. Le cinéma est un (art du) rêve, les Wachowskis le savent et nous le font savoir, lorsqu’alors que son aventure ne fait que débuter ils font dire à l’héroïne Jupiter (Mila Kunis) « Il n’y a que dans les rêves que de telles choses peuvent se produire ».

Le souci de la bonne tenue logique, raisonnée de l’ensemble est relégué aux oubliettes. L’état de rêve autorise toutes les libertés, les Wachowskis en tirent parti et s’amusent. À jouer à saute-mouton avec leurs ellipses gonflées. Donner aux trois personnages secondaires détenteurs du pouvoir (les héritiers de la dynastie galactique des Abrasax) les attributs du Bon, de la Brute et du Truand. Reproduire deux fois le même climax sur le dos des deux derniers (et ils pourraient le faire dix fois de plus que ce serait toujours aussi bon). Ficeler une théorie de science-fiction qui solutionne tous les mythes et mystères de l’humanité (extinction des dinosaures, petits hommes gris, crop circles, témoins de passages d’ovnis, réincarnation, vampires, etc.). Et même, gourmandise finale, remettre sur le tapis, en la faisant rentrer en douce par la fenêtre du récit, la thématique qui leur tient le plus à cœur, la lutte des classes et de l’émancipation individuelle contre l’oppression par le capitalisme. Concernant ce dernier, Jupiter ascending fait l’hypothèse brillante qu’il n’y a aucune raison pour que son caractère viral se limite à notre planète ; si une race extraterrestre existe, elle s’est pareillement laissée emporter dans une quête du profit à tout prix mais à l’échelle de l’univers, rendant ridicules nos magnats mondialisés.

Dans sa forme, Jupiter ascending suit les mêmes principes que pour son récit : la révolution est mise entre parenthèses pour cette fois – pas de graphisme ahurissant façon Speed racer, ou de réinvention du montage façon Cloud Atlas – mais le niveau d’ensemble de l’exécution est très, très élevé. Des têtes jumelles des Wachowskis jaillissent quantité de visions, de plans, de décors, de mouvements superbes à toutes les échelles, de l’intime au démesuré (le mariage royal, les destructions de Chicago puis de la base sur la planète Jupiter), en ne se privant pas de raccorder l’un à l’autre – de la Terre vue en orbite à un gros plan sur un radio-réveil, par exemple. Le spectacle fourni est total, ininterrompu, incroyablement grisant. Pour nous embarquer en leur compagnie les deux cinéastes ne font pas appel à notre raison, ils la court-circuitent et se branchent directement sur notre subconscient, nos sensations brutes et profondes. Pour ce faire ils se sont attaché les services d’un complice de tout premier choix : le compositeur Michael Giacchino, acolyte de longue date de JJ Abrams, qui offre à Jupiter ascending une bande-originale sublime, plus marquante encore que les images qu’elle accompagne, qui nous emporte et nous subjugue.

Une réponse à “Jupiter ascending, de Lana & Andy Wachowski (USA, 2014)”

  1. desbois dit :

    Pi – pam – poum et splach

    Je viens d’aller voir Whiplash, eh bien j’ai aimé. Pas le meilleur film de l’année, mais intéressant…. surtout quand on aime le jazz et la batterie.
    Quelques invraisemblances et un final peu crédible mais très bien foutu : suspens,tension, affrontement et l’aboutissement des 2 personnages est super bien ressent : ….quand on veut, on peut.
    Les 2 personnages de Fletcher et Andrew sont bien cadrés dans leurs buts et intentions. Hélas autour d’eux, il n’y a rien, personne. Est ce volontaire pour accentuer leurs frénésies et quête de l’absolu du parfait?
    Nicole est là pour qu’il ait un rôle féminin, la père et la famille sont insignifiants.

    Bon film à monter à tous les ……..batteurs de Rock.

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