• Contagion, de Steven Soderbergh (USA, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans l’une des trois grandes salles

Quand ?

Jeudi soir, à 18h30

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Steven Soderbergh est le cinéaste américain le plus éclectique du moment. La formule relève de l’évidence pour ce qui est des modes de production et des échelles de budget, Soderbergh ayant expérimenté à peu près tous les étages de l’industrie de son pays – de l’indépendant le plus fauché au blockbuster à/pour stars – et même d’ailleurs avec le diptyque Che, plus sud-américain que nord. Mais Soderbergh est tout aussi hétérogène dans la qualité des films qu’il fait, le meilleur (au hasard : Traffic, Solaris, The girlfriend experience) côtoyant l’inconsistant (Bubble, The informant !) et le mauvais. Les deux suites purement opportunistes Ocean’s 12 et Ocean’s 13 sont là pour rappeler que Soderbergh est tout à fait capable d’être le pire des dilettantes, et de traiter un film par-dessus la jambe avec un investissement personnel a minima. Précipité générique brassant les recettes et les poncifs les plus communs du film catastrophe, Contagion en est un nouvel exemple.

Il est conseillé de ne pas arriver en retard à la projection car dans Contagion, Soderbergh se contente de faire du cinéma le temps de la séquence introductive. Par cinéma, il faut comprendre des inserts de plans serrés sur les objets banals d’un hall d’attente d’un aéroport que touche, et donc contamine, Beth (Gwyneth Paltrow), patient zéro de l’épidémie à venir. La suite ne sera qu’un enregistrement factuel, morne et sans inspiration, de la propagation du virus et des tentatives des autorités pour l’endiguer puis le neutraliser grâce à un hypothétique vaccin. Le film est terriblement désincarné et bureaucratique, entièrement fait d’une alternance de  dialogues bavards pour expliquer des procédures, et de montages fragmentés pour présenter leur exécution. Le rythme trop inerte des premiers et trop heurté des seconds rend impossible toute émergence d’une fiction, sur le plan personnel – les protagonistes du récit sont tous sans exception purement fonctionnels, des agents de ces procédures en cours ; aucun n’a de destin en tant qu’individu – comme au niveau de la société dans son ensemble. Contagion est un film qui ne dit rien de l’humanité, ne fait jaillir aucun propos ou sentiment à partir de son sujet pourtant fertile.

Le cinéma ayant comme la nature horreur du vide, narratif et thématique en l’occurrence, Contagion se remplit de la pauvreté et des tares du film catastrophe collection années 90 – les Independance day, Deep impact, Le pic de Dante et autres qui ont pullulé quelques années durant. Le péril est désormais microscopique plutôt que gigantesque, mais le fond de sauce du film est irréductible à ces détails d’apparence : américano-centré à outrance, gavé au mythe de l’héroïsme en solitaire, saturé en sucres sentimentaux, manipulateur en nous faisant craindre la mort de ses acteurs stars qui ne vient jamais… Difficile de comprendre à quel jeu joue Soderbergh, surtout qu’il vient en prime forcer le trait sur le puritanisme américain vis-à-vis du sexe (que Beth ait été une épouse adultère est apparemment aussi terrible que son décès prématuré et la diffusion du virus qu’elle a causé autour d’elle), et l’étendre à une phobie plus générale du contact physique – c’est à cause de tels contacts, non prévus et non encouragés par les convenances, que la maladie s’est initialement répandue. « Craignez-vous les uns les autres (sauf les gens accrédités comme sûrs) » serait dès lors le credo défendu par son film. Pas vraiment ma tasse de thé…

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