• Centurion, de Neil Marshall (Angleterre, 2010)

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Quand ?

Samedi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Si son réalisateur n’était pas Neil Marshall, je ne me fendrais probablement même pas de ce court billet sur Centurion (voire je ne l’aurais peut-être même pas vu, comme son récent concurrent sur le même thème général L’aigle de la neuvième légion). Mais Neil Marshall, donc, a écrit et réalisé The descent, l’un des plus grands films d’horreur de ces dernières années – dont je faisais encore la réclame pas plus loin qu’ici –, et cela lui donne un certain crédit. Lequel va très vite s’épuiser si Marshall ne compose pas assez vite un deuxième film valable. Autant Dog soldiers, qui précédait The descent, peut être vu comme un brouillon imparfait mais prometteur, autant ce qui a suivi, Doomsday et maintenant Centurion, fait craindre que la bonne explication concernant The descent soit celle de l’accident.

Le problème n’est pas tant que Centurion ne soit pas efficace. Sur ce point il se situe légèrement au-dessus de la moyenne du genre dans lequel il s’inscrit, le péplum post-Conan, bodybuildé et crachant des tripes à tout-va dans des décors sylvestres. Les scènes d’action à grande échelle ont pour la plupart une bonne idée ou un bon choix de casting (le toujours parfait Michael Inglourious basterds Fassbender, le trop rare Dominic The wire West) pour se défendre. Et dans la seconde moitié du récit, Marshall retrouve une partie de ses réflexes de champion du survival movie pour imprégner d’une belle énergie du désespoir la fuite de ses héros pourchassés. Le vrai problème, c’est que Centurion est sensiblement plus bas de plafond que la moyenne du genre dans lequel il s’inscrit, tutoyant l’inexcusable sur deux points. Le premier est sa misogynie portée en bandoulière, tristement ordinaire vu son taux de testostérone mais sacrément décevante étant donné que The descent était un irréprochable film de femmes. Deux des trois personnages féminins sont des tueuses bestiales, inhumaines (l’une est muette et l’autre ne fait que hurler de toute façon) ; la troisième n’existe que pour recueillir et chérir le héros blessé dans sa chair et dans son âme.

Le second point tient à la manière dont Centurion se fait le porte-voix docile d’une rhétorique impérialiste et hégémonique de la pire espèce. Il fait s’opposer un empire géant, belliqueux et expansionniste, à un peuple défendant ses terres assaillies. Malgré sa pirouette finale qui veut faire croire que l’objectif du film est de renvoyer dos à dos les deux camps pour leurs excès de violence, le scénario prend clairement partie pour les forces impériales, principalement par son dénigrement des adversaires. Ceux-ci sont des barbares repliés sur eux-mêmes, là où l’empire constitue un melting-pot à la United colors of Benetton ; et ils usent non seulement des attaques-suicides mais aussi de la torture, face à des romains qui eux luttent avec honneur et respect, comme des êtres civilisés en somme. Face à un acte de propagande d’une telle véhémence et d’une telle transparence, difficile de laisser son cerveau au vestiaire comme ce genre de film nous y enjoint d’ordinaire.

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