• 38 témoins, de Lucas Belvaux (France, 2012)

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Où ?

Au MK2 Bastille

Quand ?

Lundi, à 22h

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

38 témoins marque la deuxième collaboration entre Lucas Belvaux et Yvan Attal. Encore plus que Rapt, il nous fait regretter la période où Belvaux assurait lui-même le premier rôle à l’écran en plus de ses fonctions de réalisateur et de scénariste. Non qu’Attal soit mauvais, mais de toute évidence quelque chose ne fonctionne plus comme avant, lorsque le cinéaste nous impressionnait avec sa trilogie multigenres Un couple épatantCavaleAprès la vie ou son polar ouvrier La raison du plus faible. Rapt et 38 témoins souffrent d’un même mal liminaire : l’absence de certitude quant à la matière qu’ils souhaitent traiter. C’est encore plus criant dans le second, qui paraît naviguer à vue de bout en bout, jamais convaincu par les pistes successives qu’il suit et changeant plusieurs fois profondément de cap. Anxiogène d’abord (la chape de plomb de l’angoisse qui s’abat sur un quartier de classes moyennes après qu’un meurtre sauvage y a été commis une nuit), tourmenté moralement ensuite (un homme, Pierre / Yvan Attal, qui brise la loi du silence tacite parmi les témoins du meurtre qui ont tout entendu mais n’ont rien fait), observant les répercussions à tous les niveaux de la communauté dans un troisième temps (l’évolution du rapport de force entre les différents corps, judiciaire, policier, médiatique), 38 témoins effleure beaucoup de choses et ne s’en approprie aucune.

Ça et là transparaissent des bribes du grand récit imposant et universel à côté duquel le film passe, quant tel instant évoque fugitivement Mystic river ou la désillusion d’un Fritz Lang. La puissance du sujet était donc bien là, mais entre ses atermoiements de fond et ses importantes maladresses de forme (dans l’écriture sans nuance, le casting sans inspiration) Belvaux se condamne à une approche étranglée, ayant pour seul horizon la stérilité et les lieux communs du fait divers. Symboliquement, ce sont moins les doutes et les états d’âme humains qui rythment le récit que la routine générique et événementielle, faussement informative, de ce genre d’affaire – unes de journaux et éditoriaux de radio à sensation, obsèques publiques, reconstitution du crime. C’est tout aussi réducteur et peu intéressant sur un écran de cinéma que dans d’autres médias. Et le discours sommaire et facile qui se fait jour, sur la bonne conscience devant l’emporter quel qu’en soit le prix pour soi et les autres, ne vaut pas mieux.

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