• Scream 4, de Wes Craven (USA, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Vendredi après-midi, à 14h (avant d’aller voir Mr. Nice)

Avec qui ?

MonFrère

Et alors ?

En allant voir Scream 4, je m’attendais à un film potentiellement mauvais mais certainement pas à un film décevant. Ce qui fut en réalité le cas, à force d’espoirs éveillés en cours de route et non concrétisés au final. Comme toutes les suites de suite de suite de slasher à succès avant lui, et comme toutes celles qui viendront après, Scream 4 arrive a priori sans rien à offrir de neuf ; c’est après tout inscrit dans l’ADN du genre que d’épuiser toutes les possibilités du scénario du premier coup, en même temps que sont supprimés tous les personnages (ou presque). Le premier Scream, il y a quinze ans de cela, usait astucieusement de sa position de nième produit issu du même gisement surexploité en l’intégrant d’entrée à son mécanisme – avec la réplique devenue culte « what’s your favorite scary movie ? ». De même, ce quatrième volet joue tout de suite cartes sur table en tournant en ridicule le phénomène nocif des franchises horrifiques sans fin, avant que le public le fasse à sa place et surtout à son encontre.

La triple (!) scène d’ouverture qui résulte de cette résolution est très inspirée. Elle éteint nos réticences et nous enthousiasme… mais dans l’optique d’un type de récit précis, qui serait un pastiche ouvertement moqueur et roublard, une sorte de OSS 117 du slasher. L’éventualité d’une intrigue d’horreur au premier degré est par contre sérieusement mise à mal par cette mise en abyme inaugurale. Or c’est bien ce genre d’intrigue que le scénario tente par la suite de mettre en place et de développer, avec le déclenchement d’une nouvelle série de meurtres saignants au couteau au moment même où l’héroïne des trois premiers films, Sidney Prescott, est de retour en ville après dix ans d’absence. Il s’agit donc de recoller la branche que l’on a sciée avant même de s’asseoir dessus. Une mission d’autant plus laborieuse et branlante que le film n’abandonne pas pour autant la possibilité de faire des gags et des clins d’œil référentiels… Scream 4 passe un long moment dans cet entre-deux indécis et inconfortable, à détricoter d’une main ce qu’il échafaude tant bien que mal de l’autre. On peut citer en exemple la scène où deux policiers en faction devant la maison de Sidney sont sauvagement assassinés : scène exemplaire d’horreur animale, réduite à sa substance primaire – une lame, des corps à transpercer – et pourtant conclue par une punchline assez misérable.

Tout de même, à force d’efforts et d’insistance, le film nous prend au jeu de cette folie meurtrière nouvelle génération. On peut même parler de réussite en ce qui concerne le dernier acte, qui convainc par son resserrement sur une unité de lieu, de temps et même – enfin – de ton. Celui brutal et implacable d’une tuerie qui file droit, et ne s’encombre d’aucune glose spirituelle et déplacée. Un soupçon de perversité se fait même jour au travers du plan du tueur de réaliser un remake « pour de vrai » des événements du premier film. Scream avait en son temps été attaqué pour avoir soi-disant inspiré des adolescents meurtriers dans plusieurs faits divers, et le fait de se réapproprier cette tâche sur le blason du film pour la placer au cœur du récit est aussi culottée que plaisante. À défaut d’en faire une synthèse homogène ou un panachage qui tienne la route, Scream 4 a donc à son crédit une belle séquence parodique et une belle séquence intègre. Mais il devait être dit que le film ne s’achèverait pas sans s’être tiré une dernière balle dans le pied… et d’importance : son épilogue déplorable, qui révèle la profonde raison d’être du projet quitte à jeter par-dessus bord toute la cohérence de ce qui précédait. Tout cela n’était qu’un véhicule retors pour relancer la carrière de trois has been n’ayant rien fait ou presque depuis dix ans, et qui n’en font pas beaucoup plus en 1h40 de film. Courteney Cox s’éclipse, blessée, à mi-parcours, David Arquette tourne en rond dans sa voiture de patrouille, toujours en retard d’une scène de crime, et Neve Campbell traverse le film comme un zombie sous Prozac. Ce sont eux les vrais tueurs en série, ajoutant à leur tableau de chasse une demi-douzaine de jeunes acteurs qui nous ont autrement plus divertis qu’eux dans ce Scream 4 bancal et en définitive frustrant.

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