• Les marches du pouvoir, de George Clooney (USA, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Mercredi soir à 20h30, avant L’exercice de l’état

Avec qui ?

Une amie

Et alors ?

George Clooney est quelqu’un dont on souhaite sincèrement qu’il atteigne la réussite artistique en tant que réalisateur, pour la bonne raison qu’il ne pourra jamais y avoir assez de cinéastes intelligents et engagés. Mais film après film, il est en train de démontrer que ce n’est pas parce que quelqu’un ferait un bon réalisateur (comme on dit de quelqu’un qu’il ferait un bon gendre) qu’il a le talent pour le devenir dans les faits. La meilleure œuvre de Clooney derrière la caméra reste encore et toujours sa première, Confessions d’un homme dangereux, car c’est à ce jour la seule où le cinéaste développait quelque chose de personnel, qui lui appartient en propre. La voie dans laquelle il a bifurqué depuis, et qu’il a visiblement décidé de s’obstiner à suivre, l’emmène moins loin qu’il ne semble le croire.

Comme avant lui Good night, and good luck (et, depuis sa niche comique, la plaisanterie évanescente Jeux de dupes), Les marches du pouvoir est une entreprise d’hommage zélé du cinéma d’antan, et presque rien d’autre. L’horizon de Clooney est celui du copiste, du cinéma « à la manière de » – dans le cas présent, le drame politique à la manière des années 70, véritable âge d’or du genre (Que le meilleur l’emporte, Les hommes du président, Votez McKay…). Clooney s’y met en scène dans le rôle d’un prétendant à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle, Mike Morris, mais au second plan seulement, derrière les conseillers et directeurs de campagne qui sont les vrais antihéros de l’affaire. Paul Giamatti / Tom dans le camp adverse et, auprès de Mike, Philip Seymour Hoffman / Paul et son second Ryan Gosling / Stephen, autour duquel le drame va se nouer. Dans la tradition quasi immuable du genre, Stephen va en effet devoir choisir entre ses ambitions et ses convictions, entre le suivi d’un idéal et la capitulation face au réel. L’engrenage tortueux fait de malveillances, de mauvais choix ainsi que de simples hasards malencontreux, qui va mener Stephen au point de rupture est un bel ouvrage narratif. Sans fausse note, il s’en dégage une efficacité réelle et grandissante à mesure que le personnage est contraint de passer de la prévision à la réaction, et que se réduisent drastiquement le temps dont il dispose et l’éventail des choix s’offrant à lui.

Les marches du pouvoir a donc des arguments à faire valoir : une montée en puissance tragique, un propos humain cohérent, un choix intéressant de détourner son regard à la marge du barnum politique, pour se focaliser sur un maillon finalement anonyme de la chaîne et son drame solitaire. Il n’est jamais inutile de rappeler que pouvoir et ambition détruisent des êtres et des âmes à tous les niveaux. Mais si le travail de Clooney a toutes ces qualités de bon élève, appliqué, rigoureux, efficace, il en touche également les limites – sans surprise, sans risque, et au bout du compte sans identité notable. Le résultat est trop poli, monocorde. Tout y est tellement ton sur ton que les différents éléments en viennent presque parfois à s’annuler ; ainsi le jeu minimal de Ryan Gosling, proche de ce qu’il fait dans Drive, n’a ici pas du tout la même portée car il n’est pas en rupture mais joue la même note que le reste du film. Clooney réalisateur confond classicisme et académisme, sobriété et inertie, sérieux et rigueur quand d’autres, avec un matériau de base possédant les mêmes atouts et les mêmes contraintes, font The social network.

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