• Les enfants-loups, Ame et Yuki de Mamoru Hosada (Japon, 2012)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans une salle pleine (elle l’était déjà la veille au même horaire)

Quand ?

Mardi soir, à 20h30

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

Au terme de sa première semaine d’exploitation en France, Les enfants-loups est un beau succès avec presque 30000 entrées pour seulement 49 copies. Mamoru Hosada le mérite amplement, après deux brillants premiers longs-métrages (La traversée du temps et Summer wars) qui montraient que le futur, et même le présent de l’animation japonaise lui appartiennent, face à un Miyazaki en semi-retraite et un studio Ghibli peinant à exister sans lui. Mais il y a un léger hic dans ce tableau idyllique : le film qui vaut au cinéaste ce probable changement de dimension est un cran en-deçà des précédents. Pas en termes de talent – aucun souci à se faire de ce côté-là – mais de ce pour quoi il est mobilisé. Comme si Hosada avait tellement intégré l’idée que Les enfants-loups pouvait être le film de l’adoubement, le dernier examen de passage, qu’il s’était par conséquent forcé à rester dans les clous. On ne retrouve pas ici les débordements, le grain de folie, l’exaltation qui faisaient le sel de La traversée du temps et de Summer wars. En comparaison Les enfants-loups est un peu scolaire, un peu longuet. L’histoire et le graphisme sont beaux mais ne s’envolent jamais.

Hosada est toujours aussi génial lorsqu’il s’agit de concocter un montage alerte et ravissant (un premier jour d’école, un champ qu’il faut apprendre à ensemencer correctement), ou de transformer en atouts les parties les plus délicates de son récit. Être amoureuse d’un homme-loup comme l’est l’héroïne, cela implique de faire l’amour avec un loup, de voir jeter son corps dans un camion-poubelle quand il trouve la mort sous cette forme, et de devoir se retirer en marge de la société pour élever vos enfants-loups. Chacun de ces écueils potentiels sur le papier donne à l’écran une scène au minimum réussie, et le plus souvent saillante. Mais ces éclats restent isolés. A chaque opportunité de prendre la tangente, de passer un cap, Hosada préfère demeurer sagement dans le cadre qu’il s’est délimité ; celui d’un dessin animé pour enfants, préparé selon la recette estampillée classique Disney à l’ancienne. On y trouve beaucoup de bons sentiments, une dose d’humour, et des péripéties modestement dramatiques, à hauteur d’enfants comme le sont les rôles simples et clairement établis – par exemple des mamans et des papas qui ne sont rien d’autre que ça. Il en résulte une vision du bonheur trop conformiste et simplette pour ne pas faire un peu tiquer, tout de même. Surtout quand l’épilogue décrète qu’une fois que ses enfants ont quitté le foyer la vie d’une femme se fige, tournée vers le passé et le souvenir de son défunt mari, même si elle n’est que trentenaire.

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