• Le chat du rabbin, de Joann Sfar & Antoine Delesvaux (France, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Mardi soir

Avec qui ?

MonFrère

Et alors ?

Étrange début de parcours de réalisateur que celui de l’auteur de BD Joann Sfar. Après s’être assez nettement distancé de son précédent amour dans son choix de premier film (le biopic Gainsbourg, vie héroïque), le voilà qui y retourne, et même plutôt deux fois qu’une puisque c’est une de ses propres bandes dessinées qu’il adapte en film d’animation. Cependant, au-delà de ce constat, Le chat du rabbin et Gainsbourg ont suffisamment en commun pour donner effectivement le sentiment de constituer le début d’une œuvre cohérente. Mais il aurait été préférable que cette œuvre soit d’un meilleur niveau… Comme Gainsbourg, Le chat du rabbin souffre d’une narration bancale, maladroitement scindée en deux parties qui dialoguent à peine. D’abord, une phase d’exposition des personnages et de leur environnement si longue qu’elle outrepasse ce statut pour devenir un film en soi. Cette chronique de vies à la fois normales – un rabbin parmi d’autres à Alger quand on y était encore en France, sa fille adolescente, ses amis et confrères – et fantastiques (le chat du rabbin qui se met à parler et en profite pour mettre sens dessus dessous, avec beaucoup d’humour, la pratique théologique de son maître) se construit à coups de saynètes drôles et touchantes, toujours efficaces quand bien même elles viennent tout droit de la version papier de la BD.

Le scénario brise ce ronron agréable à mi-parcours, décidant soudainement que l’une des péripéties mineures qui le nourrissent mérite de devenir l’enjeu majeur unique. Le chat du rabbin devient alors un road-movie en autochenille à travers le Sahara, et tout dans le film se délite de la même façon que Gainsbourg perdait toute contenance une fois son héros devenu une star de la musique. Dans un cas comme dans l’autre Sfar a un vrai problème dans son maniement du film de genre calibré, que ce soit le biopic ou le road-movie. Il dévitalise complètement son récit, le privant d’unité de style visuel, de finalité (la conclusion venant interrompre abruptement une fuite en avant qui n’avait depuis longtemps plus aucun sens), de personnages – remplacés par des silhouettes fantomatiques – et surtout d’actions, suppléées par leur commentaire ou pire encore leur analyse. Car non content de ne plus élaborer de séquences dignes de ce nom (à un moment donné, le film en arrive à se confondre littéralement avec l’album de photos du voyage), le réalisateur tient à surligner au marqueur le message humaniste totalement convenu que ces ersatz de scènes sont supposés véhiculer. Cela se traduit par un festival de répliques édifiantes qui rappellent avec ferveur au spectateur étourdi que le racisme et l’intégrisme religieux c’est mal, tandis que l’amour et la fraternité entre les gens c’est bien. Dommage que Sfar ait oublié d’inclure les femmes dans sa croisade œcuménique : elles n’ont qu’un rôle de spectatrices dans l’histoire, qu’elles passent essentiellement à obéir à leur père ou leur mari.

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