• Europa, de Lars Von Trier (Danemark, 1991)

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Où ?

A la maison, sur Arte+7

Quand ?

Vendredi soir, il y a dix jours

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Mon adhésion sans retenue à Melancholia n’a donc pas été de nature à atténuer mes réticences chroniques à l’égard du reste de l’œuvre de Lars Von Trier. Breaking the waves est le seul de ses autres films à me plaire, chose que la découverte d’Europa ne change en rien. Dernier volet de la trilogie du cinéaste consacrée à l’Europe (visiblement Von Trier a eu un souci d’inspiration au moment de trouver un titre à son film), Europa est aussi alambiqué visuellement que ses deux prédécesseurs et donc aussi contraire que possible aux préceptes du Dogme que Von Trier fomentera par la suite. Toutes les affèteries du petit filmeur agité et vantard sont de la fête : noir et blanc crépusculaire, contrastes sophistiqués, trouées de couleur balancées sans raison, décors monumentaux, perspectives baroques, mouvements d’appareil complexes, un véritable catalogue des 3 Suisses. Pour ma part j’ai très vite trouvé cela creux et lassant au plus haut point. Puis, à mesure que Von Trier accumule ses tours m’as-tu-vu et imbus d’eux-mêmes, s’est rajoutée une sensation d’indigestion devant cette composition étouffe-chrétien, sans finesse ni respiration.

Le terrain où Europa se montre vide est celui de son scénario. Sur la base d’un point de départ potentiellement intéressant (un jeune homme exilé revient en Allemagne en 1945), Von Trier élabore une intrigue insignifiante, aux protagonistes et aux thèmes, sur la guerre et la reconstruction, esquissés de manière rudimentaire. La combinaison d’une progression à la lenteur poseuse et d’une accumulation inutile de personnages fait que le film met un temps infini à décoller – au bout d’une heure, on a encore l’impression d’être empêtré dans son introduction. Cet effort laborieux n’a en plus aucun débouché satisfaisant, puisque Europa bascule immédiatement dans un long épilogue où il s’effondrera sur lui-même, dans un cadre ratatiné aux dimensions d’un train. La dernière banderille est plantée par la personnalité du héros, ou plutôt son absence. A force d’en faire un idiot du village manipulé par tout le monde sans se rendre compte de quoi que ce soit (alors que nous-mêmes le voyons à chaque fois venir à des kilomètres), Von Trier sectionne le lien humain qui nous rattache à son film et garantirait notre implication. Il ne subsiste alors plus qu’une chose à la surface d’Europa, un sentiment diffus et généralisé d’aversion envers les allemands. Le cinéaste ne leur laisse le choix qu’entre trois catégories, toutes mauvaises : les sots, les nostalgiques du 3è Reich, et ceux qui ont tellement souffert de la guerre qu’ils y ont perdu tout goût de la vie. Lars Von Trier avait visiblement un compte à régler avec ce pays et ses habitants, et j’espère qu’Europa lui a au moins permis de crever cet abcès à défaut de proposer quelque chose d’intéressant à son public.

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