• 9 mois ferme, de Albert Dupontel (France, 2013)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Samedi après-midi, à 17h, après être allés déguster Gravity en IMAX

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

« Faire le(s) job(s) a minima », « s’arrêter en chemin par autocensure, crise d’inspiration ou flemme », « un point de départ mince et un récit qui se ratatine sur les quelques concepts présentés dans les premières minutes » : il est étonnant (un peu) et attristant (surtout) de constater à quel point les termes de ma critique du Vilain, le précédent film d’Albert Dupontel, sont reconductibles tels quels pour 9 mois ferme. La carrière en pointillés de Dupontel auteur-réalisateur – un film tous les quatre ans (Enfermés dehors avant Le vilain et 9 mois ferme) après un silence de sept ans suite à l’échec cuisant du Créateur – ressemble dès lors de plus en plus au maintien artificiel dans un état végétatif d’un patient cliniquement mort. Le constat est sévère, mais la dégringolade dans la qualité et l’ambition entre les débuts de Dupontel (Bernie, Le créateur) et ce qu’il produit depuis l’est tout autant.

Malgré toute la sympathie que l’on peut éprouver à l’égard de Dupontel, difficile de ne pas penser que sa réserve d’idées ne permettait ici que de tenir la distance d’un court-métrage. 9 mois ferme démarre bien sur les chapeaux de roue, mais se retrouve le souffle court et le bec dans l’eau dès son premier acte consommé. La comparaison est cruelle entre cet élan inaugural, aux ellipses incisives et aux enchaînements endiablés pour mettre en place le plus facétieusement possible le nœud comique de l’histoire (une juge enceinte d’un bandit), et la dilution subie ensuite par le récit. Dupontel n’a alors plus qu’un tour dans son sac – résoudre le dilemme de son héroïne, entre préserver sa carrière et venir au secours du père involontaire de son futur enfant –, faute de s’engager dans le développement de ses personnages ou d’un point de vue sur son thème (ce n’est pas comme s’il n’y avait rien à dire sur la justice). Les premiers restent superficiels, le second absent, et on se trouve ramené au même point d’interrogation que pour Le Vilain : qu’est-ce qui provoque cette cessation d’activité comique ?

Les deux hypothèses qui viennent à l’esprit sont évidemment aussi peu reluisantes l’une que l’autre. Il est probable qu’elles se cumulent : à la panne d’inspiration (qui tiendrait plus de la carence innée, Dupontel n’ayant jamais écrit de scénario réellement fourni et dense) s’ajoute un blocage face à un choix de voie à suivre – le risque ou son absence. Dupontel réfrène sa nature profonde, de vilain petit canard porté sur le mauvais goût et la provocation, mais n’assume pas pour autant de rentrer dans le rang et de faire de la comédie grand public comme les autres, tiède et portée par une star consensuelle (Sandrine Kiberlain ici, Catherine Frot dans Le vilain). Comme un fait exprès, dans ces deux films le rôle que se donne le cinéaste illustre ouvertement cette tergiversation, un pied dans la société (la relation avec le personnage féminin) et l’autre en dehors (le travail de cambrioleur).

9 mois ferme n’est bon que lorsque cette indétermination reste tenable ; c’est-à-dire tant que le film se met en place, et n’a pas à se fixer un but à atteindre. Il est même alors très bon, ce qui n’est que plus rageant au regard de la suite. Dans l’écriture, la direction d’acteurs, la réalisation, Dupontel rappelle que sa place se situe largement au-dessus de la mêlée. Les révélations de la grossesse de l’héroïne, puis de l’identité du père, et enfin des circonstances pas du tout immaculées de la conception (magistrale scène de visionnage de vidéosurveillance avec Bouli Lanners) forment une succession d’éclats de rire et de surprises qui font entrevoir l’espoir de tenir là une des comédies de l’année. Et puis, plus rien. Comme dit plus haut le film se fige et s’éteint à petit feu, à peine ranimé l’espace d’un instant par les caméos de Terry Gilliam et Jean Dujardin. Au final, c’est la carrière de réalisateur de Dupontel qui semble prendre le chemin d’une malheureuse insignifiance.

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