• The Blues brothers, de John Landis (USA, 1980)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2

Quand ?

En deux fois, mardi et mercredi soir

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

« Come on ! Oh baby don’t you wanna go… Back to that same old place, sweet home Chicago ! » The Blues brothers fait partie de ces œuvres qui peuvent sans exagération se réclamer de la catégorie des films cultes. Trente ans après sa sortie son aura n’a pas diminué d’un iota, et n’a plus aucune attache avec celle de ses créateurs dont elle s’est depuis longtemps affranchie – John Belushi mort deux ans après le tournage, Dan Aykroyd devenu un bibendum ramolli physiquement et humoristiquement, John Landis qui n’a plus fait qu’un seul long-métrage mémorable par la suite, Le loup-garou de Londres l’année suivante[1]. Eux appartiennent au passé, The Blues brothers est pour toujours neuf. Le plaisir jubilatoire que procure son visionnage est intact, et rien ne porte à croire que son mélange miraculeux entre le comique de personnages, la comédie musicale R’n'B (le vrai rythm and blues, pas la soupe vulgaire et indigeste que l’on nous vend désormais sous ce même acronyme) et des délires cartoonesques sans limites puisse un jour ne plus rendre les gens heureux.

« Everybody needs somebody to love, someone to love. Sweetheart to miss, sugar to kiss ! » The Blues brothers est essentiellement un happening entre potes, mais des potes tous plus talentueux les uns que les autres. Au-delà de l’anecdote du coucou fait par un certain Steven Spielberg dans l’un de ses très rares passages devant la caméra, la liste des guest-stars impressionne surtout sur le versant musical du film, avec une ribambelle d’artistes qui constituent la crème de la musique noire-américaine. Par ordre d’apparition : James Brown, John Lee Hooker, Aretha Franklin, Ray Charles, Cab Calloway, chacun pour un numéro électrisant et entré dans les annales. Pour la partie comique (The Blues brothers est d’ailleurs l’un des rares longs-métrages légitimant l’approximative traduction française de musical par comédie musicale), Aykroyd et Belushi s’en remettent à leur talent propre, affûté à l’épreuve du Saturday Night Live, pour dérouler un prodigieux numéro qui a appris toutes les bonnes leçons de gag du cinéma muet, autrement dit du cinéma tout court. Efficace duo à la Laurel et Hardy (et oui, Dan Aykroyd était encore tout maigre à l’époque), déversement permanent de slapstick absurde, exagération de chaque situation pour la tirer vers l’invraisemblable, effets de contraste crées par la juxtaposition au montage d’actions hystériques et de reaction shots exprimant un calme olympien… C’est un récital qui rien ne vient enrayer.

« We are on a mission from God » Pour mettre en images leur délire, cette fine équipe a qui plus est obtenu des moyens colossaux. S’ajoute ainsi à la démesure des idées jetées sur le papier (mettre un lance-roquettes dans les mains de Carrie Fisher, transformer un bar country en zoo infernal, intégrer de manière tout à fait gratuite des néo-nazis à la parade, etc.) son pendant matériel. La mythique poursuite en voiture dans Chicago et ses carambolages géants, le concert devant cinq mille personnes, le débarquement final de l’armée sont autant de scènes qui déploient leur plein potentiel justement parce qu’elles sont physiquement excessives. Sans limite fixée à leur créativité humoristique et musicale, Aykroyd, Belushi, Landis et consorts s’en donnent à cœur-joie, et leur folle euphorie est hautement contagieuse. On rit, on chante, on rit, on chante, on rit : thérapie de choc à s’administrer sans modération ni contre-indication. « So let’s rock, everybody let’s rock. Everybody in the whole cell block, they are dancing to the jailhouse rock ! »

[1] Avec là aussi une hilarante séquence de carambolage géant, presque plus réussie encore que celle des Blues brothers

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