• Mulan, de Tony Bancroft & Barry Cook (USA, 1998)

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Où ?

A la maison, enregistré sur Canal+

Quand ?

Commencé dimanche après-midi, repris et fini lundi soir

Avec qui ?

Seul (hormis dix minutes avec MonFils sur les genoux)

Et alors ?

Je ne m’attendais certainement pas à m’infliger une telle purge en me lançant dans le visionnage de Mulan. La preuve, j’ai même pris la peine de faire une session de rattrapage après l’avoir raté à l’époque de son passage en salles. Si vous êtes vous aussi dans cette situation, ne reproduisez pas mon erreur mais apprenez plutôt de mon expérience et faites autre chose de vos quatre-vingt-cinq minutes. Car Mulan tente un croisement invraisemblable entre les aspects les plus mignons du style feel good de l’usine à rêves Disney, et un récit d’une brutalité majuscule ainsi que très réaliste. Les ennemis ne sont pas des figures animales – lions, serpents – ou légendaires (les sempiternelles sorcières) allégoriques et solitaires, mais une armée entière et bien humaine. Les Huns, puisque c’est d’eux dont il s’agit, ayant la bonne idée de ne plus exister de nos jours, les scénaristes de chez Disney ne se sont pas gênés pour leur charger la barque et les transformer en monstres sanguinaires et détestables. Les absents ont toujours tort.

Les troupes chinoises, qui comptent l’héroïne Mulan dans leurs rangs, se retrouvent ainsi renforcées dans leur statut de gentils par simple effet de contraste, sans plus aucun effort à fournir pour en être dignes. Les concernant, le film se lâche donc sans retenue sur l’humour potache et la comédie musicale guillerette, deux éléments phares de son fonds de commerce habituel. Lorsque cela donne des scènes comme ici l’entraînement militaire à l’ambiance Full metal jacket mais traité en chanson réjouie, ou les célébrations de victoire sous forme d’explosion de joie générale pas le moins du monde assombrie par le fait d’avoir trucidé des centaines de soldats ennemis, le grand écart entre le contenu et le ton adopté provoque forcément des lésions irrémédiables. Dans le genre manichéen stupide et limite dangereux, Mulan surpasse ainsi presque tout, même les films de propagande guerrière les plus outranciers, ou les horreurs commises par Michael Bay et ses condisciples.

Moins grave, mais également dévastateur pour le film est un autre cas de mélange malheureux des genres entre le film Disney et le film de guerre. L’ampleur requise par cette histoire contenant tous les passages obligés de ce second genre – enrôlement, entraînement, plusieurs affrontements militaires – est impossible à assurer dans les quatre-vingt-cinq minutes forfaitaires d’un Disney, sans passer par-dessus bord bon nombre d’autres éléments pour faire de la place. Au premier rang des victimes se trouve le développement des personnages, réduits à autant de coquilles vides dont la destinée ne pourrait pas moins nous importer. Du coup, à part les blagues vachardes distribuées en rafale par le sidekick Mushu, on ne voit vraiment pas ce qu’il y a à sauver dans ce Disney comptant parmi les plus mal écrits (et mis en musique : de l’électro de supermarché affreuse, avec comme point d’orgue le générique de fin aux paroles désespérantes).

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