• Julie est amoureuse, de Vincent Dietschy (France, 1998)

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Où ?

À la maison, en DVD édité par Shellac (sorti le 4 février 2014) et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic »

Quand ?

Mercredi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Vu que Vincent Dietschy est parti sur un rythme de réalisation d’un long-métrage tous les dix ans (il a fallu attendre 2008 pour que Didine suive Julie est amoureuse, et aucun autre n’a pris la relève depuis), on ne peut qu’apprécier la démarche de Shellac d’éditer son premier film, très bien reçu lors de sa sortie mais tombé dans l’oubli ensuite. Il faut dire que Julie est amoureuse offre au premier regard du spectateur une apparence peu à même de le distinguer du tout-venant – voire du stéréotype – du cinéma d’auteur français réticent à sortir de son cocon. On s’y rend en province parce que c’est l’été, on y filme des personnages interprétant des rôles qui leur ressemblent (des acteurs professionnels ou amateurs montant une pièce de théâtre, Roméo et Juliette), on y joue sur l’imbrication des sentiments joués sur scène et vécus en privé, au cours de conversations tenues en chambre, à table ou bien dans la nature, puisque la campagne baignée de soleil le permet. Cette filiation en ligne directe avec le théâtre d’une part (Marivaux) et la Nouvelle Vague de l’autre (Rohmer) fixe le cadre et donc les limites de Julie est amoureuse. Comme un enfant, le film est l’héritier d’un patrimoine génétique fixé à son insu mais dont l’usage ne relève que de sa propre initiative. Et justement, la manière dont Dietschy manœuvre les deux éléments, théâtre et Nouvelle Vague, magnifie leur présence d’un bout à l’autre – ou presque – de Julie est amoureuse.

Les deux premiers tiers du film ne sont que vitesse et plaisir, malice et étonnement. Les motifs générateurs de rythme et d’intrigues dans les œuvres du théâtre classique y sont convoqués et mixés dans un fol ensemble qui ne nous laisse joyeusement aucun répit. Tout y est placé sous le signe du changement, à grande vitesse, de grande portée, quand ce n’est pas les deux à la fois. À grande vitesse, les changements de séquence et de lieu orchestrés par le montage ; de grande portée, les changements d’état des personnages et de nature de leurs relations ainsi que les arrange le script volontiers théâtral échafaudé par Dietschy. Les protagonistes ne sont initialement rangés par cases (décideurs/assistants, maîtres/élèves, séducteurs/conquêtes) que pour mieux permuter leurs positions, échanger leurs étiquettes, sans prévenir et sans limites. Quelque part entre le jeu de chat de cour d’école et le ballet enfiévré, Julie est amoureuse trace sa propre voie et y fonce de plus en plus éperdument – jusqu’à transfigurer un metteur en scène de théâtre en agriculteur, puis un apollon blond embauché pour jouer Roméo en simple caissier de la première de la pièce.

Cette représentation est le point noir du film. Dietschy descend de l’estrade où il s’était positionné jusque là, en surplomb du théâtre et du cinéma, chef d’orchestre associant librement l’un et l’autre. Il tombe dans le procédé rebattu du théâtre comme reflet de la vie, avec la mise en parallèle du texte que les acteurs sont en train de déclamer et des événements prenant place au même moment en coulisses. Par rapport à la vitalité et à l’invention de ce qui précédait, cette partie paraît bien laborieuse et plate ; au point que sa demi-heure met plus de temps à passer que les quatre-vingt minutes enchantées qui précédaient. Heureusement, le réalisateur conclut Julie est amoureuse sur une note à nouveau excellente. Il retrouve le fil un temps égaré, pour une poursuite en voiture à travers champs avec des équipages évidemment croisés (le mari de l’une avec l’épouse de l’autre, une femme au volant dans une voiture et un homme dans l’autre), et à nouveau ce savoureux mélange entre artifice – les plans sur l’habitacle des véhicules – et naturalisme – les plans extérieurs. Des scènes de cinéma comme celle-ci, on en redemande.

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