• Downrange (États-Unis, 2017), de Ryuhei Kitamura

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Où ?

A la maison, en DVD édité par Wild Side (sorti le 25 juillet 2018, également en Blu-Ray) et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic »

Quand ?

Lundi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Downrange s’inscrit dans un sous-genre particulier du cinéma d’horreur américain : la lutte d’un groupe de protagonistes (le plus souvent jeunes, comme c’est le cas ici) pour échapper à un massacre qui leur est promis sur l’une des innombrables routes qui traversent les régions désertiques des États-Unis. Cette catégorie de films est aussi codée et référencée à l’image des films les plus cultes (depuis au moins le matriciel Duel de Steven Spielberg) que disposant d’un potentiel de régénération infini – telles ces plantes désertiques qui endurent le passage du temps et refleurissent généreusement à chaque averse. Le cinéaste japonais Ryuhei Kitamura, en charge de Downrange, parvient à y apposer sa patte et ainsi apporter sa pierre à la perpétuation du genre auquel il appartient. Il en fait un des nouveaux films en DVD et Blu-Ray les plus recommendables de l’été.

Reconnu pour ses plans fous (par exemple dans Versus ou Azumi) et gores (son premier film américain ne se nommait pas pour rien Midnight Meat Train), Kitamura en intègre avec plaisir de l’une et de l’autre catégorie dans Downrange. Il provoque de la sorte chez le spectateur des décharges soudaines et violentes d’adrénaline et de plaisir macabre, celles-là mêmes qui font partie intégrante de notre bonheur à suivre de tels jeux de massacre. Néanmoins, la plus grande qualité que le cinéaste met au service de la réussite de son film, modèle de série B modeste et efficace, est sa gestion de la respiration du récit. Le ton est donné d’entrée : la traditionnelle (et barbante) phase d’introduction passe à l’as, le film s’ouvrant sur l’éclatement d’un pneu du véhicule des héros, qui les force à s’arrêter et les met à la merci du sniper bien décidé à les abattre à la chaîne en faisant durer son plaisir – comme nous le font comprendre les deux premières exécutions, qui interviennent avant la fin du premier quart d’heure.

Nous ayant mis sous pression dès les premiers instants, Kitamura a tout loisir de jouer avec nos émotions et notre tension pendant les quatre-vingt-dix minutes qui suivent. Il nous balade entre moments de panique et de répit, le calme des seconds nourrissant la sauvagerie des premiers quand ils reprennent le devant de la scène. C’est un plan de survie qui échoue (déplacer la voiture) immédiatement après un semblant de succès (une utilisation futée des téléphones portables) ; une lente agonie infligée à l’une des malheureuses victimes (le seul noir de la bande – Kitamura glisse là quelque chose sur le racisme ancré dans la psyché de son tueur, de l’Amérique qu’il représente) ; une voiture qui surgit à l’horizon et qui, loin d’amener aux victimes une échappatoire, fournit au sniper matière à décupler l’ampleur et la cruauté de son carnage. Seul le traitement par le scénario de l’arrivée nocturne de la police est en-deçà, donnant un dernier quart d’heure moins puissant. Mais la pirouette finale, grâce à laquelle Kitamura conclut son film sur une note nihiliste, rattrape le coup – à la fois sardonique et morale, elle rappelle que lorsque les bons passent de l’autodéfense à un excès de violence superflue, ils s’exposent à leur tour à un retour de bâton.

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