• Confessions, de Tetsuya Nakashima (Japon, 2010)

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Où ?

Au Forum des images, dans le cadre de l’Étrange Festival

Quand ?

Dimanche soir, à 22h

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

L’Étrange Festival tient souvent un rôle de défricheur, mais il sert aussi parfois d’ultime séance de rattrapage pour les spectateurs français friands de cinémas marginaux. Le film japonais Confessions, présenté en sélection officielle, est ainsi sorti dans son pays d’origine il y a plus d’un an, a fait partie des candidats à l’Oscar du meilleur film étranger en début d’année, et est même déjà sorti en DVD au Royaume-Uni depuis quelque temps. Un peu plus et il passait en tant qu’œuvre vintage. Un autre des films de Tetsuya Nakashima a pourtant déjà obtenu une sortie commerciale – limitée, certes – en France : le fortement conseillé Kamikaze girls. Il faut croire que Confessions n’a pas autant plu – ou peut-être a-t-il fait beaucoup plus, beaucoup trop peur.

Confessions est un film d’horreur qui en intériorise toutes les manifestations. Nakashima maintient solidement le couvercle sur cette cocotte-minute de terreur et de haine qu’est son récit, hormis lors d’une poignée de scènes brutalement explicites qui laissent échapper la pression. Alors le film de monstres envahit soudain l’écran, mais cela ne dure jamais bien longtemps ; il y a toujours à proximité de l’explosion un ou plusieurs personnages prêts à tout faire pour assurer un retour au calme – qui n’est que pure façade. La métaphore donnée de la société japonaise contemporaine, sclérosée par l’accumulation de dysfonctionnements, de paralysies, d’inégalités et de rancœurs, n’est pas originale, mais elle est toujours valide et d’actualité. Ces temps-ci, il semble même qu’elle puisse s’étendre à la quasi-totalité des pays riches dans son observation d’une sale guerre d’usure entre jeunes et adultes (ici traitée sur ses deux fronts principaux : les parents contre leurs enfants à la maison, les professeurs contre leurs élèves à l’école), sur fond de morosité accablant les uns comme les autres. D’embuscade en représailles, de provocation en vengeance, la spirale de la détestation et du ressentiment mène tous les belligérants à leur perte, piégés dans le même « living hell ».

La réussite ou l’échec du film dépend de la position qu’il choisit d’adopter par rapport à cette histoire sans autre horizon qu’un nihilisme total. Nakashima érige deux barricades entre le public et les personnages, afin de bloquer de façon certaine tout contact émotionnel – positif ou négatif, d’empathie ou de dégoût – entre les uns et les autres. Il fait de Confessions une œuvre d’une froideur inouïe, qui tend vers l’examen le plus détaché qui soit des agissements de cobayes emblématiques. Il y a en premier lieu ce risque narratif énorme, mais qui fonctionne indéniablement, de faire raconter tout le film en voix-off par ses différents personnages principaux (la première demi-heure est même guidée par une voix unique). Loin de nous rapprocher d’eux en nous ouvrant leurs âmes, ce procédé nous met à distance car les conteurs successifs parlent tous soit du passé, soit de l’avenir, mais quasiment jamais du présent. Comme si ce temps, qui est celui de l’action, de l’existence, de la réalité, n’existait plus – en dehors des moments d’explosions destructrices évoqués plus haut. La seconde barricade est la saturation de la réalisation en trucages visuels, effets de cadrage et de montage voyants, introduction d’extraits de chansons en complément des dialogues… On sait que cette pratique, en vogue depuis une quinzaine d’années et l’émergence de la figure du réalisateur-clippeur, est un exercice dangereux puisqu’elle provoque aisément l’indifférence, à force de brasser du vide. Nakashima joue précisément là-dessus, sur l’épuisement du spectateur et la création qui s’en suit d’une séparation marquée entre lui et ce qu’on lui raconte. Ce qui, ajouté à son talent pour ce genre de mise en scène (Kamikaze girls en apportait déjà la preuve), lui permet de réussir son coup en démontrant une réelle cohérence entre son propos et sa manière de le communiquer.

2 réponses à “Confessions, de Tetsuya Nakashima (Japon, 2010)”

  1. nancy labrousse dit :

    je veux savoir comme s’appelle la chanson du fond du film. Cette une vielle chanson mais je ne me souviens le nom

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