• Chantons sous la pluie, de Gene Kelly & Stanley Donen (USA, 1952)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2

Quand ?

Dimanche soir

Avec qui ?

MaFemme

Et alors ?

Chantons sous la pluie est un peu juste pour gagner sa place au sein du premier cercle des plus grandes comédies musicales, mais il compte assurément parmi les plus célèbres. Il suffit de voir son nom, d’entendre quelqu’un en parler, ou même de se retrouver sous une averse provoquée par un nuage fâché pour commencer à fredonner les premières notes et paroles de la chanson éponyme. C’est peut-être ce qui est arrivé à Gene Kelly et Stanley Donen un jour, et qui les a poussés à mettre en chantier un film inspiré de cet entêtant et rayonnant air de musique. Comment fait-on pour construire un long-métrage sur la base d’une chanson ? A cette question, Chantons sous la pluie n’apporte en réalité pas vraiment de réponse concluante, s’engageant dans plusieurs pistes successives dont aucune n’est menée à terme.

La première est la plus savoureuse. C’est la plus terre-à-terre, avec des numéros musicaux en quantité limitée et intégrés de manière justifiée au récit. Le scénario est alors en effet plus occupé à faire avancer son marivaudage aux inflexions lubitschiennes, dont l’objectif est de faire s’unir un homme et une femme (Don / Gene Kelly et Kathy / Debbie Reynolds), évidemment antagonistes sur pas mal de points, en empruntant pour cela des voies comiquement détournées et en accordant une grande attention à la personnalité et au parcours passé de chacun. Le montage retraçant la carrière de la star Don, avec son double sens permanent – ce que disent les images et ce que dit la voix-off ; la vérité et la légende –, est un concentré de comédie smart et mordante. Une intonation que Chantons sous la pluie conservera jusqu’au bout, avec la difficile transition entre le cinéma muet et le parlant comme terrain de jeu généreux en sujets de gags, mais sur un mode plus mineur ; car le besoin de danse et de chant vient au bout d’un moment faire valoir ses droits sur le film. Inégalement inspirés sur le fond, et du coup assez hétérogènes (il y est question parfois de l’arrière du décor du septième art, parfois de la relation entre Kathy et Don, parfois de pas grand-chose comme dans Good morning), les passages musicaux sont toutefois de pures merveilles dans leur exécution. On sent que l’on est entre les mains des tout meilleurs dans le domaine. Les chorégraphies sont en trois dimensions : tourbillonnantes, inventives, en constante recherche d’interaction avec le décor. Et la mise en scène a pour principal leitmotiv de les laisser s’exprimer le plus librement possible, en limitant pour cela au strict minimum le nombre de coupes. Aucun changement d’axe n’est gratuit, ni même de confort ; tous interviennent lorsqu’ils deviennent effectivement nécessaires pour poursuivre la séquence, tels des permutations de décor mais à plus petite échelle.

La déconnexion entre la couche d’intrigue et la couche de musical atteint son paroxysme dans la séquence « Broadway Melody », proprement fabuleuse bien que sans le moindre fragment de rapport avec ce dont Chantons sous la pluie est supposé parler. C’est un authentique film dans le film, qui renouvelle même 50% de son duo d’acteurs principaux – Gene Kelly et Cyd Charisse au lieu de Gene Kelly et Debbie Reynolds. Mais tant que cela danse et chante et fait des claquettes avec un tel enthousiasme et en technicolor, on n’y voit – presque – que du feu.

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