• Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, de Rémi Chayé (France-Danemark, 2020)

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Où ?

A la maison, en DVD édité par Universal Pictures France (sorti le 7 avril 2021, également en Blu-Ray et VOD) et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic ». Calamity, Une enfance de Martha Jane Cannary ressort aussi dans les salles de cinéma françaises le 19 mai 2021

Quand ?

Le weekend dernier

Avec qui ?

En famille

Et alors ?

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary fait partie de ces films à la diffusion fortement mise à mal par les chamboulements causés par la pandémie de covid-19 : initialement prévu pour sortir en salles en parallèle de son passage en compétition au festival d’Annecy (où il remporta le Cristal d’or du long-métrage d’une édition déportée en ligne), il fut reporté en octobre… quelques jours avant la seconde fermeture des cinémas. Il fait donc partie des nombreux films retentant leur chance en salles dès la réouverture de celles-ci le 19 mai, et ce même s’il est disponible en DVD et VOD depuis début avril. Peu importe sous quel format, ne le ratez pas : il est aussi beau qu’attachant.

La beauté visuelle de Calamity impressionne et bouleverse dès les premiers plans – et reste un régal pour le regard jusqu’au terme du film. Les paysages et les cieux du Far West américain, où le récit prend place, sont une source inépuisable d’inspiration pour les illustrateurs ayant œuvré sur le projet. Entre leurs mains, la majesté des grands espaces arpentés par la future Calamity Jane est sans cesse rehaussée et renouvelée par leurs choix audacieux : couleurs éclatantes, d’inspiration pastel voire fauviste, associées entre elles au moyen d’aplats et de juxtapositions qui ne donnent jamais une sensation de cacophonie ou de trop-plein. Du foisonnement de couleurs naît une harmonie pleine de vie, que le film sait mettre en valeur par le soin apporté au cadre (un format large cinémascope digne des westerns classiques), au découpage des séquences et à leur photographie.

Cet écrin splendide (auquel les éditions DVD et Blu-Ray du film rendent hommage par leur qualité technique, tandis que les suppléments accessibles nous entrouvrent la porte du processus de création) ne vaut pas que pour lui seul mais contient bel et bien une perle en son sein : l’aventure de son héroïne. A partir des rares faits connus quant à la jeunesse de Calamity Jane, née Martha Jane Cannary (le voyage de sa famille vers l’Oregon, le décès de sa mère), le réalisateur Rémi Chayé et ses deux coscénaristes ont conçu une histoire émancipatrice d’une grande justesse. Une des raisons de la célébrité de Calamity Jane fut son appropriation des attributs de la masculinité – vêtements, armes à feu, activités (soldat, chasseur) – ; Chayé imagine que la jeune Martha, du haut de ses onze ans, s’est engagée dans cette voie en raison de la liberté qu’il y avait alors (et qu’il y a toujours aujourd’hui) à se comporter socialement en homme plutôt qu’en femme. Adopter la tenue, la coupe de cheveux, le langage que l’on veut ; monter à cheval ; ou encore avoir le droit de ne pas être souriante et aimable en toutes circonstances – cela peut paraître trivial, mais c’est bien là aussi un privilège de protagoniste masculin que Martha s’octroie dans Calamity (comme Rose dans Titanic le faisait déjà), que de se montrer renfrognée, énervée, butée en réponse aux circonstances et aux oppositions qui entravent sa route et ses aspirations.

Le récit des péripéties de Martha devenant Calamity combine des éléments hétéroclites – c’est ce qui fait sa richesse. Le film s’appuie sur une description fidèle de la vie des pionniers de l’époque : le quotidien des convois de chariots, les villes champignons, les mines dont on espère qu’elles recèlent un filon d’or (la femme propriétaire d’une telle mine est le principal modèle adulte positif sur le chemin de Martha). Par-dessus cette base, Chayé tire un fil allègre d’aventures picaresques, multipliant pour son héroïne les changements de déguisements (qui la font paraître tour à tour fille ou garçon) et de fonction – voleur, orpailleur, soldat. Au terme de celui-ci, il offre à son personnage une intelligente fin ouverte (le film ne la fige pas encore dans une version adulte achevée de Calamity Jane), en accord avec ce qu’elle veut : le droit à devenir qui elle souhaitera. Comptant parmi les dessins animés et films d’animation récents, Calamity, Une enfance de Martha Jane Cannary pourra-t-il intégrer la liste des plus grands dessins animés de tous les temps ?

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