• 90’s (Etats-Unis, 2018), de Jonah Hill

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Où ?

A la maison, en DVD édité par Diaphana Edition Video (sorti le 3 septembre 2019 en DVD, Blu-Ray et VOD, et en EST depuis le 30 août) et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic »

Quand ?

Samedi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Marquant les débuts derrière la caméra de l’acteur Jonah Hill (qui a également signé le scénario), 90’s appartient sans s’en cacher à la catégorie très fréquentée des premiers films intimistes et d’inspiration autobiographique. Hill a pioché dans ses propres souvenirs d’adolescent californien pour composer le personnage de Stevie, qui s’incruste dans un groupe de skateurs un peu plus âgés que lui pour s’évader des difficultés de son foyer, composé de sa mère célibataire et de son grand frère mal dans sa peau et qui en fait payer le prix à Stevie. 90’s mène ainsi de front deux histoires puissantes, et pas si banales : celle d’un enfant qui grandit trop vite dans le but de dépasser son grand frère, et celle d’un groupe d’adolescents tous différents (par leur âge, leur taille, leur parcours, leur couleur de peau) et pourtant solidement unis par l’amitié.

Preuve de son talent d’apprenti cinéaste, Hill n’a même pas besoin d’une durée fleuve pour réaliser ce double accomplissement. Soixante-quinze petites minutes lui suffisent pour rendre émouvants et importants ses protagonistes, le modeste coin du monde dans lequel ils évoluent, et ce qu’ils traversent comme épreuves et succès. Il les accompagne en ami fidèle et franc, dont le regard les grandit (par la manière dont la mise en scène et en musique fait sienne leur subjectivité, pour sublimer les moments objectivement modestes mais importants pour eux), sans pour autant minorer leurs erreurs et leurs failles. Il rend ces êtres non pas parfaits, mais importants ; non pas séduisants, mais beaux. Tou.te.s sont foncièrement fragiles tout en cherchant désespérément à ne pas le laisser paraître, quitte à s’engluer dans l’excès inverse (de violence, de provocation, d’agitation) qui les rend dangereux pour les autres autant qu’eux-mêmes. Jamais Hill ne juge ces dérapages en les prenant de haut. Il reste à la hauteur de ses personnages, et compatit à leurs blessures qui les font s’égarer ainsi.

Une analogie évidente peut être faite entre Hill auteur-réalisateur débutant derrière la caméra, et devant celle-ci son héros Stevie skateur débutant. Tous deux se lancent dans une discipline ardue, demandant des efforts ingrats et de longue haleine ne serait-ce que pour ne pas se casser la figure ; et dont la pleine maîtrise est un horizon chimérique, hormis pour une poignée de maîtres. Ray, le pro de la bande, constitue pour Stevie un tel modèle, dont il s’agit de s’inspirer moins dans les figures qu’il parvient à produire que dans son comportement, l’abnégation, l’humilité, l’acceptation qu’il faille sans cesse sur le métier remettre son ouvrage. En suivant son exemple, Stevie ne deviendra probablement pas aussi doué que Ray mais il pourra certainement parvenir à être la meilleure version de lui-même sur un skate. De la même manière, Jonah Hill ne cherche pas à faire un film immense ; mais à réaliser – et c’est réussi – le meilleur long-métrage possible à sa modeste échelle. Celle de la vie d’un quartier, de la pellicule 16mm, des CD de son adolescence, d’une existence tranquille où ce qui peut vous arriver de mieux est de faire des préliminaires avec une fille un peu plus âgée (la scène est superbe de délicatesse), et le pire un accident de voiture sans blessé grave.

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