• Un, deux, trois, de Billy Wilder (USA, 1961)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2

Quand ?

Mardi soir

Avec qui ?

Ma femme

Et alors ?

Un, deux, trois peut être considéré comme un Billy Wilder mineur, surtout venant après Certains l’aiment chaud et La garçonnière ; mais des films « mineurs » comme cela, nombre de réalisateurs aimeraient
pouvoir les faire ne serait-ce qu’une fois dans leur carrière. Il y a deux guerres à l’œuvre dans ce long-métrage. Sur le papier, et à l’écran, la Guerre Froide qui est alors on ne peut plus
chaude – la crise des missiles à Cuba est alors pour dans un an. Il faut être aussi dingue, aussi génial et aussi européen que Wilder pour tirer du conflit entre américains et russes un film
aussi futile, hilarant et euphorique.


Poussant l’art de la caricature à son paroxysme, Billy Wilder et son coscénariste I.A.L. Diamond personnifient les deux idéologies antagonistes par des représentants fictifs cumulant tous les
défauts : d’un côté MacNamara, un cadre dirigeant de chez Coca-Cola républicain convaincu, arrogant et cynique (James Cagney, monté sur ressorts dans un contre-emploi irrésistible) avec dans les
pattes une ado godiche pourrie gâtée et qui fait de la stupidité une discipline olympique. De l’autre Otto, un jeune membre idéaliste du parti communiste, recrachant mot pour mot les discours de
propagande même les plus indéfendables, et un trio de commissaires politiques qui ne pensent qu’à prendre du bon temps et encaisser les pots de vin. Comme souvent chez Wilder, une des
innombrables répliques dévastatrices qui cadencent le film peut être reprise pour résumer le tout en une phrase : « the situation is hopeless, but not serious ».

L’autre guerre qui se joue dans Un, deux, trois met aux prises Wilder et Diamond avec la pièce de théâtre qu’ils adaptent pour l’occasion. Ils se tirent le plus souvent des pièges
classiques de la transposition théâtrale au cinéma, grâce au choix de tourner en extérieurs dans Berlin et à la frénésie allant crescendo qui est imprimée au jeu des acteurs. Le mélange des deux
éléments fait en particulier merveille dans la longue séquence d’extraction par MacNamara de Otto vers Berlin-Ouest, depuis la prison de Berlin-Est… où MacNamara lui-même s’était arrangé pour
que Otto croupisse. Autour de ce morceau de bravoure digne des plus grands moments des Marx Brothers, il arrive à Un, deux, trois de peiner un peu plus pour masquer ses origines
scéniques : va et vient de personnages dans un décor figé, bons mots qui existent plus pour eux-mêmes que pour la progression du récit (et qui du coup tombent à plat). Voilà de quoi faire un
Wilder mineur ; mais sûrement pas un film devant lequel on boude son plaisir.

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