• Top cops, de Kevin Smith (USA, 2010)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Le week-end dernier

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

 

Puisque toutes les perversions existent dans notre monde, celle de l’excitation devant les accidents industriels d’Hollywood doit bien avoir ses adeptes. Ceux-ci trouveront en Top
cops
de quoi combler leurs désirs les plus intenses, l’accident y tournant au sabotage en bande organisée. La revendication de la dite bande, non explicitée mais transparente au vu
du film qu’ils ont commis, consiste en l’éradication définitive du genre des buddy movies, tirelire des studios depuis le début des années 80 reposant sur un mélange de comédie et
d’action et sur une paire de héros que tout oppose. La poignée de scènes comiques valables disséminées ici et là peut faire envisager l’hypothèse de la parodie et du détournement. Seules scènes
tout simplement regardables de Top cops, elles mettent le duo principal aux prises avec un des spécialistes du rire stupide et kamikaze, Seann William Scott
(Eh mec, elle est où ma caisse ?). Mais c’est un leurre. Tout le reste du film est un assemblage d’éléments carrément antinomiques, et s’annihilant donc
mutuellement. Les deux héros flics sont incompétents mais supposés faire ce boulot ensemble depuis presque dix ans. Ils sont également crétins au dernier degré, mais jetés dans une intrigue
glauque où s’amoncellent cadavres et tortures. L’exposition de leurs histoires personnelles occupe plus de temps que leur développement et leur résolution. Enfin, les enjeux policiers liée à la
poursuite des gangsters sont entassés jusqu’à former un amas incohérent frappé du syndrome Anges et
démons
 , c’est-à-dire qu’il prend un temps fou à être dénoué au bout du compte – sans
qu’on y porte un quelconque intérêt.

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A ce stade, il n’est plus possible de plaider la simple incompétence ; il y a forcément intention de nuire. Le leader du gang pourrait bien être l’acteur Tracy Morgan qui, tel un tueur en série
de roman de gare, avait annoncé son mode opératoire dans un épisode de la sitcom 30 Rock dans laquelle il joue. Il y incarne un comique de télévision qui achète les
spots de publicité finançant son émission, afin de pouvoir continuer à dire dans celle-ci toutes les grossièretés qu’il souhaite. On peut de même imaginer Morgan financer ce Top
cops
pour avoir l’occasion de jouer dans un buddy movie à la mode eighties, aux côtés de la superstar Bruce Willis. Lequel est donc forcément complice – surtout qu’on ne
peut pas dire qu’il se foule pour relever le niveau du film, ou pour indiquer son détachement par rapport à lui –, de même que le réalisateur Kevin Smith. Tous les cinéastes indie ont évidemment
le droit de faire un jour ou l’autre un blockbuster superflu, avec un budget plus que confortable ; mais avec ses références en termes d’humour et d’intelligence
(Clerks, Chasing
Amy
, Jay and Silent Bob strike back…), Smith avait amplement les moyens de faire en sorte que Top cops tienne la
route. Le néant total qui caractérise de part en part la mise en scène du film est dès lors forcément volontaire. Mais le coup de force des trois hommes s’est brisé contre l’immense capacité
d’acceptation de la médiocrité dont fait preuve le public américain : lors de son passage en salles là-bas, Top cops a fait un peu plus que rembourser son budget… Tant
pis pour la révolution.

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