• The 11th hour, de Nadia Conners & Leila Conners Petersen (USA, 2007)

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Où ?

En DVD zone 1 acheté à petit prix aux USA (le film n’est pas sorti en salles en France, mais est visible sur Internet sur le site http://11thhouraction.com/)

Quand ?

La semaine dernière

Avec qui ?

Ma femme

Et alors ?


Dans la foule (de plus en plus fournie, et
on ne va pas s’en plaindre) des films visant à une prise de conscience écologique, The 11th hour se distingue par sa volonté nette d’élever le débat au niveau de la politique
globale de civilisation plutôt que des gestes du quotidien pour améliorer sa consommation énergétique. Le film initié, produit et narré par Leonardo DiCaprio se révèle donc plus philosophique
qu’activiste. Le raisonnement suivi est plus posé que rentre-dedans, mobilisateur qu’accusateur en reprenant les choses étape par étape avec un point de vue le plus objectif possible. Le film
commence ainsi par rappeler la fantastique puissance intellectuelle et créatrice de l’être humain, les avancées considérables qu’il a su réaliser ; et présente, statistiques à l’appui – peu
ou prou les mêmes que dans Une vérité qui dérange de Al Gore – notre impact sur l’environnement comme une conséquence nuisible des progrès accomplis et non comme un péché originel
à expier.

A ce stade, des coupables de cette dérive sont nommément dénoncés, avec des mots très durs – les compagnies pétrolières et leurs bénéfices indécents, les gouvernements qui laissent faire. Celui
des USA est plus particulièrement visé, ce qui est compréhensible puisque le public de ce pays constitue la première cible du film. C’est après cette exposition des faits et des responsabilités
que The 11th hour n’hésite pas à viser haut. Des intervenants prestigieux et/ou spécialisés (Stephen Hawking et Lester Brown côtoient des penseurs de tous pays ainsi que des
biologistes et des chimistes travaillant dans des domaines d’expertise de pointe) apportent chacun leur pierre à un débat qui dépasse de loin notre petite personne, afin de mieux nous faire
prendre conscience de l’étendue réelle du problème.

Témoignage après témoignage, sujet après sujet (l’architecture et l’urbanisme, l’hyperconsommation, le principe d’une taxe carbone auquel le film apporte un soutien franc et massif), The
11th hour
étaye son postulat qu’un changement radical et global de mode de vie est non seulement nécessaire, mais bel et bien capital. Il va falloir apprendre à vivre mieux avec moins, à
ne plus tout vouloir. Et dans un premier temps, à prendre conscience que nos achats ont une répercussion, un sens qui va au-delà de la simple transaction financière : ils nous engagent dans
un soutien silencieux à telle ou telle entreprise et à ses choix de modes de production. Le film met en permanence en avant le fait indéniable que le rééquilibrage entre l’homme et la nature, et
le virage vers une civilisation qui intègre dans ses finalités la notion de respect de la nature toute entière, vue comme un organisme unique, se feront quoiqu’il arrive. Notre responsabilité
actuelle est de les amorcer en douceur plutôt que de les subir brutalement. Car une seule chose est certaine : c’est la nature qui survivra à l’homme, et non l’inverse.


Au milieu de quelques platitudes et autres redites du film, les suppléments du DVD prolongent la thèse générale de The 11th hour selon des pistes plus concrètes. L’exemple de la
« biomimicry » (une branche de la biologie qui cherche à s’inspirer des méthodes employées par les organismes naturels) montre que nous avons énormément à apprendre de notre
environnement : sans accès à la manière forte dont abuse l’homme, la nature développe des manipulations biologiques et chimiques basées sur l’eau (au lieu des conditions extrêmes de
température, d’acidité, etc. employées par l’homme), la coopération entre organismes, l’utilisation de ce qui se trouve à proximité. Soit autant de méthodes inévitablement moins dommageables à
long terme que les nôtres.

Sur le plan de l’action politique, ces bonus ne laissent aucun thème potentiellement dérangeant ou complexe de côté. L’alliance évidente entre l’exigence environnementale et les exigences de
justice sociale et économique (lutte contre la pauvreté, contre les mauvaises conditions de travail) est ainsi clairement mise en avant. Par ailleurs, le concept de « goutte d’eau » (ma
goutte d’eau, plus celle de mon voisin, plus celle de son voisin, etc. peuvent renverser le cours des choses) et le « pari » de l’amour de chacun pour ses enfants, son environnement,
son prochain mènent à l’implication des religions, un acte intelligent de ce DVD même si aucun des trois intervenants – prêtre, rabbin, imam – ne peut s’empêcher de « vendre » sa
paroisse au passage. Ils disent tout de même des choses justes, en particulier le besoin pour le mouvement écologique de parvenir à transcender ses fondements techniques et factuels en érigeant
un idéal plus fort, plus beau, qui donne du sens et emporte les gens.

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