• Sexy dance 2, de Jon Chu (USA, 2007)

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Où ?
Dans l’A340-600 opérant la liaison entre Munich et Los Angeles

Quand ?
Mercredi (soir ? après-midi ? matin ? qui peut dire avec le décalage horaire ?)

Avec qui ?
Seul, sur mon petit écran personnel, avec une version accompagnée de sous-titres chinois

Et alors ?

3 axes à signaler dans ce film plus intéressant que le vide intersidéral promis par un rapide survol de ce Sexy dance 2 (qui est un rare spécimen de la catégorie des
« fausses suites » : il n’a en effet rien à voir avec Sexy dance 1er du nom si ce n’est l’opportunisme du distributeur français) :

1) Sexy dance 2 est un parfait exemple de l’obsession de vitesse que l’on retrouve régulièrement dans de tels produits d’exploitation, et qui place en permanence l’oeuvre au bord
du point de rupture (un autre très bon cas d’école est le 1er Fast & furious). Le désir constant de remplir la durée forfaitaire de 90 min de scènes choc à foison déséquilibre
complètement un récit qui n’a plus une minute pour poser les personnages et les enjeux qui leur sont rattachés, ni pour faire monter correctement le suspense jusqu’au dernier acte. Avec un peu de
recul, cette incapacité du film à fonctionner correctement devient non seulement patente mais bel et bien captivante, comme la progression de l’étincelle sur la mèche d’un bâton de dynamite : on
sait que l’explosion va avoir lieu (dans le cas présent, l’arrivée soudaine du générique de fin qui vient fermer le ban alors que rien de ce que contient le film n’a eu le temps de s’épanouir, de
s’imprégner en nous), et c’est son attente qui devient palpitante en soi.


2) La qualité première de Sexy dance 2 est qu’il adhère complètement à la croyance en soi et en ce qu’ils font de ses héros. On touche là à un point crucial, intrinsèque au
cinéma américain, qui fait la réussite de tant de ses réalisations – et à l’opposé le ratage de tant de films français : la sincérité de l’oeuvre, qui n’observe pas les personnages de haut mais
vit à 100% avec eux. Un film comme Sexy dance 2 parvient de la sorte à embarquer le spectateur quelques soient ses a priori initiaux sur le monde des compétitions de danse
underground dans la rue ou dans des hangars sur fond de hip-hop. Dès l’ébourrifante 1ère séquence, un numéro improvisé de danse dans le métro (devant des passagers médusés, effrayés et captivés
en même temps – à l’exacte image du spectateur à ce même instant) au rythme survolté et à la réalisation qui tient la cadence, on est dans le film sans plus aucune discussion. La très bonne idée
est d’avoir pris comme acteurs des danseurs à qui on ne demande que ce qu’ils savent faire ; le résultat est une sorte de docu-fiction à l’usage des profanes.


3) On rentre dans le film pour le point 2, et on en sort pour ce 3è point : son racisme sous-jacent. D’un bout à l’autre, le principe à l’oeuvre est le même, à savoir la récupération, voire
le vol, par des blancs aisés de spécificités propres à des minorités ethniques – la 1ère d’entre elles étant donc la street dance des noirs. La scène de fin est édifiante sur ce point. Après
avoir pourtant bien expliqué la motivation de révolte qui nourrissait cette pratique, le scénario fait perdre dans la grande compétition finale l’équipe n°1 – de noirs du ghetto qui n’ont que ça
pour s’affirmer et être fiers – face à un assemblage tout neuf de wasps venus d’une école de danse privée ultra-huppée (où ils sont des freaks, mais où ils sont malgré tout), tout juste métissé
par le quota ethnique d’une chinoise et d’un black. De quoi faire de Sexy dance 2 un exemple mineur mais indiscutable d’une morale souvent à l’oeuvre à Hollywood ainsi que dans la
mentalité américaine qui y est reflétée : l’absence de règles, de reconnaissance de certains domaines protégés de la concurrence, finit toujours par profiter à ceux qui sont déjà les mieux
équipés et les mieux intégrés.

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