• Sans Sarah, rien ne va !, de Nicholas Stoller (USA, 2008)

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Où ?
Au ciné-cité les Halles, dans une salle moyenne (la même que JCVD 3 jours plus tôt… ça tourne vite !)

Quand ?
Mercredi, le soir de la sortie

Avec qui ?
Ma femme, et une salle pleine (mélange d’un bon buzz et du peu de salles diffusant le film sur Paris – dans quelle proportion chacun des 2 effets a-t-il joué ?)

Et alors ?

Derrière son titre affreux, Sans Sarah, rien ne va ! cache une nouvelle création de la dream team du producteur-réalisateur Judd Apatow – auquel on doit le doublé
magique de la fin d’année dernière, En cloque mode d’emploi et Supergrave. Ici, comme pour Supergrave Apatow n’officie qu’en tant que producteur, laissant les clés à l’acteur Jason Segel qui tient
le double rôle de scénariste et personnage principal. Segel joue un personnage dans une sorte de continuité de celui de En cloque… : Peter, un geek capable de
traîner pendant une semaine habillé du même jogging et se nourrissant presque exclusivement de céréales, sort avec Sarah, une fille blonde, mignonne, sexy, intelligente et promise à une brillante
carrière à Hollywood. En bref, Peter sort avec un rêve. Mais autant En cloque… suivait le début du rêve, autant Sans Sarah… en raconte le réveil brutal :
après 5 ans de vie commune, Sarah largue Peter.

Les 1ères scènes du film déroulent un programme d’une limpidité cruelle. Segel / Peter est dévasté, et Segel / scénariste se délecte à nous en faire hurler de rire dans une succession de gags
menés tambour battant au détriment du héros, d’une scène de rupture que Peter subit tout nu à la découverte que, réfugié dans un hôtel de luxe à Hawaii, il est voisin de chambre de son ex… en
vacances avec son nouveau mec, un chanteur de rock anglais portant le patronyme douteux d’Aldous Snow. L’irruption de ce personnage fait basculer le film dans une toute autre dimension, plus
proche du récent Les femmes de ses rêvesdes
frères Farrelly. Alors que Peter se débat piteusement avec son surmoi WASP pour savoir s’il doit chercher à se remettre avec Sarah, craquer pour la jolie réceptionniste de l’hôtel ou observer une
pause célibataire, Aldous – et avec lui l’acteur Russell Brand – tire la couverture à lui à coups de remarques désopilantes, de sexualité débridée et d’attitudes décomplexées dans ses rapports
avec les autres.

Peut-être est-ce parce que je suis un « européen dépravé » comme Aldous Snow, mais pour moi le couple qu’il forme avec Sarah (laquelle, au cours d’une étonnante scène d’explication
post-rupture avec Peter, dévoile une intelligence et une maturité à l’opposé de l’a priori de pimbêche castratrice que l’on a au départ sur elle) est autrement plus fonctionnel et plaisant à
suivre que les fadasses et coincés Peter et Rachel. A mesure que la relation amoureuse entre ces 2 derniers se développe poussivement, le film se repose d’ailleurs sur Aldous et Sarah ainsi que
sur d’autres seconds rôles hilarants et gratuits – tenus par les joyeux drilles de la bande à Apatow que sont Jonah Hill, Evan Goldberg, Paul Rudd ; retenez bien leurs noms – pour maintenir
une cadence comique soutenue. On rigole donc jusqu’au bout (ou presque, la fin est fastidieuse), tout en réfléchissant comme c’est de plus en plus fréquemment le cas devant ces excellentes
comédies US. Qu’elle soit inconsciente (à l’image du fort sous-texte homosexuel de Supergrave) ou réfléchie – le film ne manque pas de signes en
ce sens –, la critique oblique du puritanisme américain, et de son avatar qu’est l’immaturité des geeks, que l’on trouve dans Sans Sarah… offre en effet un substantiel
surplus d’intérêt au film. Tout comme, dans un autre style, les parodies géniales des séries TV policières produites à la chaîne par les studios avec noms passe-partout (Crime scene,
Animal instinct) et guest-stars jouant le jeu (William Baldwin, Jason Bateman).

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