• Rio Conchos, de Gordon Douglas (USA, 1964)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

conchos-1Où ?

A la cinémathèque, dans le cadre du cycle consacré au réalisateur

Quand ?

Dimanche soir, à 21h15

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

 

Très bonne surprise dimanche dernier à la cinémathèque que ce western méconnu, réalisé par un des honnêtes faiseurs anonymes qui peuplaient Hollywood durant l’âge d’or des grands studios. C’est
peut-être cette origine peu spectaculaire, de la classe moyenne du cinéma en quelque sorte (Douglas n’étant ni un cinéaste majeur, ni un franc-tireur sorti de nulle part), qui a privé Rio
Conchos
du petit bout de notoriété auquel il pourrait prétendre. Quand il sort, à l’automne 1964, le western est sur le point de connaître la plus grande révolution de son histoire, qui
allait à la fois le ranimer et le marginaliser. Pour une poignée de dollars, le premier des westerns-spaghetti, vient tout juste de sortir en Italie et déferlera sur les écrans du
monde entier dans les mois qui suivent. Sans atteindre la même qualité d’ensemble ou le même niveau d’agression des fondamentaux du genre, Rio Conchos est tout de même très proche
du film de Leone dans son esprit frondeur et dans son brouillage des lignes. On jurerait qu’il s’agit d’un produit calibré par Hollywood pour reproduire les mêmes recettes et s’arroger une part
du gâteau, alors que pas du tout : Douglas a en réalité suivi la même voie que Leone, en parallèle, sur un autre continent. Mais son assaut, venant d’un insider plutôt que d’un
outsider au système à renverser, n’a pas trouvé le même écho.

 

Le scénario du film est un idéal de série B. Peu après la Guerre de Sécession, quatre hommes (deux soldats et deux crapules dont un ex-sudiste, interprétés par quatre « gueules » du
cinéma bis américain) s’embarquent avec un chariot rempli de poudre à canon vers la frontière mexicaine pour y piéger l’homme ayant dérobé à l’armée plusieurs milliers de fusils. Sur ce canevas
de road movie viennent se greffer une succession menée tambour battant d’embuscades et de cavalcades, de duperies et de séparations. La plupart de ces péripéties recyclent à leur façon
des motifs classiques des films d’action et d’aventure, vus ailleurs avant et après Rio Conchos : la cargaison explosive fait bien sûr penser au Salaire de la peur, le guet-apens face auquel les quatre hommes
doivent pour la première fois et à contrecœur unir leurs forces rappelle Rio Bravo ; quant à la spectaculaire séquence finale, dans la gueule du loup qu’est la base du
bad guy, c’est carrément la Cité des Nuages de L’empire contre-attaque quinze avant. Ce choix de s’installer en terrain connu est le contraire de désagréable. On y a nos
habitudes, on y est comme chez soi presque, et on en profite d’autant plus que l’exécution de ces scènes est d’excellente facture, comme ici. Il y a ce qu’il faut d’humour à froid, d’ambiguïté,
d’aura des personnages (et de cadavres parmi ceux-ci) et de violence sèche pour faire de Rio Conchos un excellent ambassadeur du cinéma de genre indocile et subversif. Il y a
aussi la superbe musique de Jerry Goldsmith, qui reste toujours d’une étonnante modernité. Et il y a même le point final abrupt, au plus fort de l’action (meilleur exemple de tous les
temps : En quatrième vitesse de Robert Aldrich), qui ne laisse pas une minute superflue en fin de parcours et nous abandonne bouche bée.

 

Les commentaires sont fermés.