• Retour sur Tropic Thunder et Step Brothers

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Où ?

A la maison, en DVD zone 1 (édition 2 disques + director’s cut dans les deux cas)

Quand ?

Pendant les vacances

Avec qui ?

Ma femme pour les suppléments, seul pour les commentaire audio

Et alors ?

Un délire comique qui ne se terminerait jamais : voilà ce dont doivent rêver les conspirateurs à l’origine de deux comédies parmi les plus timbrées de l’année 2008, Tropic thunder
et Step brothers. Le premier des deux films a beau reposer sur des moyens massifs, il ne peut s’empêcher de revenir à ce que des acteurs comiques aiment le plus faire – se
regrouper en un même endroit et délirer pendant des heures à partir de rien. Un caprice que le trio à l’origine de Step brothers a tout simplement érigé en principe inviolable
pour ce film, et qu’ils assument pleinement dans le commentaire audio.


Lequel commentaire audio est un monument d’humour absurde jusqu’au-boutiste. Sur des musiques improvisées par le compositeur du film Jim Brion, le réalisateur Adam McKay et ses deux acteurs Will
Ferrell et John C. Reilly ne trouvent rien de mieux à faire que de… chanter leurs « commentaires ». Ce qui nous vaut des envolées lyriques absolument essentielles sur la consommation
excessive de chicken nuggets pendant le tournage d’une scène de dîner, les tournages sur fonds verts ou encore le triste destin du chorégraphe d’une séquence dansée finalement non utilisée.
Step brothers était déjà un chef-d’œuvre, son commentaire audio est peut-être encore meilleur, en tout cas si l’on en juge par les torrents de larmes de rire qu’il fait verser.
Intenables jusqu’à la dernière seconde, les trois hommes finissent sur une leçon de morale – non chantée – sur le devoir du spectateur de rester tout au long du générique de fin pour suivre les
noms des participants au film et « show them some respect ».


Le refus d’arrêter les conneries est également au cœur du commentaire audio à
trois voix de Tropic thunder. Jack Black arrive en retard puis commande son brunch pendant le commentaire, Robert Downey Jr. fait ce qu’il avait annoncé dans le film – ne pas
sortir de son personnage avant la sortie du DVD – et Ben Stiller laisse courir les délires de ses deux co-stars qu’il a embauchés en connaissance de cause. Là encore, on n’apprendra rien, ou si
peu, sur la fabrication du film ; mais on repart pour un deuxième tour de blagues comme on rappelle un trio de chanteurs à un concert. La survivance du lieutenant noir Lincoln Osiris en lieu et
place de Robert Downey Jr. vaut en particulier quelques sérieux fous rires à nous comme à Stiller et Black.

Aussi originales soient-elles par rapport à la morne norme du support, les éditions DVD des deux films se rejoignent sur le contenu de leurs autres suppléments. Tout d’abord, et comme cela était
implicitement promis dans le premier paragraphe de cette chronique, on trouve dans les deux cas des scènes coupées ou alternatives par dizaines. Préparez-vous à y passer du temps, car elles sont
quasiment toutes aussi hilarantes que les versions retenues dans les deux courtes heures de chaque montage final ; y compris ce qui a été retenu de plus improbable, par exemple les improvisations
de Stiller et Downey Jr. sur la séquence des « dudes », ou les entretiens d’embauche apocalyptiques de Ferrell et Reilly. En parlant de choses improbables, les faux suppléments
(quand je vous dis que ces énergumènes rêvent secrètement de combiner une blague sans fin !) mis en boîte par les deux équipes valent eux aussi le détour. Ceux de Tropic thunder
tout particulièrement, car le long-métrage s’y prête on ne peut mieux avec son film dans le film – lequel offre une opportunité irrésistible de making-of dans le making-of, réalisé et narré par
un documentariste allemand de pacotille parti sur les traces de la  « malédiction » de Tropic thunder (le faux) et des frasques de ses acteurs (ceux interprétés par les
dudes du commentaire audio).

En se concentrant un peu afin de résister un minimum à l’appel de l’hilarité générale, ces DVD sont aussi l’occasion de revenir sur la finalité de ces deux œuvres – ce qu’elles cachent derrière
les gags. Pour y parvenir, il faut se pencher dans chaque cas sur la dernière partie du récit, qui s’avérait la moins immédiatement convaincante lors du premier visionnage. Dans Tropic
thunder
, elle constitue le point d’orgue de la renversante mise en abyme du travail d’acteur qui parcourt le film de part en part. Stiller le maso, Downey Jr. l’ironique et Black le
corporel mettent à nu leurs techniques et leurs vertiges intimes (respectivement : suis-je un benêt ? un être superficiel ? un abruti drôle à mes dépends ?) dans des satires à peine exagérées
d’eux-mêmes. Pour reprendre la réplique ressemblant fort à un lapsus de Downey Jr. dans son face-off avec Stiller appelé à faire date, ils ne sont au fond que des « dudes qui
jouent des dudes déguisés en d’autres dudes »
.


En ce qui concerne Step brothers, le miroir déformant tendu par
les acteurs n’est pas tourné vers eux-mêmes mais vers leur pays. Contrairement à ce que j’avais pu écrire ici, il me semble désormais que la fin du film n’est en rien une
tentative fade de rentrer dans la norme, mais bien au contraire une opération d’infiltration de cette norme pour mieux la faire exploser depuis l’intérieur. Ce dernier acte démarre par
l’insinuation que le duo principal restait immature par choix et non par débilité mentale : il leur faut seulement quelques minutes de récit pour assimiler les codes et règles à suivre pour
atteindre la réussite comme n’importe qui d’autre au sein du monde « normal », celui des « adultes ». Après s’être faits ainsi oubliés, ils sont à leur aise pour déclencher
leur attaque terroriste comique. Laquelle est du genre lyrique (Will Ferrell ayant moins que jamais réglé son tropisme de pousser la chansonnette) autant que fantasmagorique, pour un résultat
hilarant nourri par une hargne que l’on retrouve dans l’épilogue ainsi que dans certaines scènes coupées (encore, les fameux entretiens d’embauche dont certains sont d’une grande violence). Le
but de Step brothers n’est pas une conversion complète des « ennemis », mais une éclatante démonstration de force et de liberté.

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