• Ploy, de Pen-ek Ratanaruang (Thaïlande, 2007)

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Où ?
Au MK2 Beaubourg, l’un des 4 cinémas en France où est sorti le film

Quand ?
Lundi soir, à la séance de 22h

Avec qui ?
Ma femme, et un nombre tout de même assez conséquent de spectateurs au vu de l’horaire de la confidentialité du film

Et alors ?

Les films thaïlandais sortent au compte-gouttes en France (souvent suite à un passage dans un festival national ; à Deauville pour Ploy), et toujours dans des combinaisons de
salles extrêmement réduites – une à Paris, une à Lyon, une à Bordeaux et enfin une à Marseille dans le cas présent. Du coup ça a un petit côté société secrète, ou secte vu l’exotisme de la langue
thaïlandaise, très différente d’à peu près tout jusqu’à ses voisines.

Et le film, dans tout ça ? Sans atteindre des sommets, il est plutôt bon. La 1ère partie installe une ambiance envoûtante, dans un hôtel luxueux et anonyme de Bangkok où un couple en
provenance des USA, marié depuis 7 ans et visiblement en crise loge le temps d’assister à des funérailles. En descendant au bar acheter des cigarettes, Wit, le mari rencontre Ploy, une gamine de
19 ans qui a rendez-vous avec sa mère dans quelques heures. En attendant, et quitte à subir les attaques jalouses de sa femme, Wit lui propose de monter dans sa chambre pour prendre une douche et
se reposer.

Le jet lag ressenti par les personnages, l’absence de localisation précise des différentes pièces de l’hôtel et des personnages dans celles-ci (il faudra ainsi attendre plusieurs scènes
avant d’obtenir une géographie précise de la chambre du couple), la bande-son atmosphérique et l’intrusion entre les scènes de bribes d’une intrigue indépendante – 2 employés de l’hôtel qui font
des coquineries particulièrement bien filmées – forment un ensemble troublant, qui place le spectateur dans le même état que les personnages. Les repères s’effacent, le temps suspend sa course,
et malgré quelques plans trop maniérés l’écueil de l’exercice de style poseur et ennuyé est évité. De même, Ratanaruang parvient très bien à mêler rêves et réalité (sans fixer clairement de
limites), les premiers faisant entrer dans la seconde une représentation crue des fantasmes cachés des 3 principaux personnages – mort, sexe, tromperie, vengeance. Le réalisateur fonctionne par
signes (par exemple, un effleurement de mains entre les 2 femmes) pour nourrir notre imagination à propos des zones d’ombres volontairement laissées sur chaque protagoniste.

La suite du film, qui voit le trio central éclater et les personnages quitter un à un le cocon protecteur (?) de l’hôtel est moins convaincante. Ratanaruang étire sur la longueur les propositions
– de forme et de fond – faites auparavant sans en ajouter de nouvelles qui amèneraient un second souffle au récit. Les décalquages d’Eyes wide shut (un couple qui se perd pour
mieux se retrouver) et de Lost in translation (romance chaste entre un homme mature et une lolita dans un hôtel) sont certes réussis – et puis il y a pire que Kubrick et Coppola
comme inspiration -, mais la magie initiale s’effiloche peu à peu. On reste sur sa faim, jusqu’à la fin où apparaît enfin une idée neuve : une conclusion en chanson, surprenante et réussie.

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