• Pacific Express, de Cecil B. DeMille (USA, 1939)… et un petit mot sur « La nuit au musée 2″

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Où ?

A la cinémathèque, dans le cadre du cycle consacré au cinéaste
(qui s’achève bientôt pour laisser la place à Luis Buñuel)

 

Quand ?

Jeudi soir

 

Avec qui ?

Seul

 

Et alors ?

 

Quand elle est servie par de grands réalisateurs, la propagande a du bon. Les œuvres socialistes de Sergueï Eiseinstein (Le cuirassé Potemkine, Ivan le Terrible) en sont le meilleur exemple, en étant
avant tout d’inoubliables bijoux de mise en scène. À son échelle, un peu plus modeste, Pacific ExpressUnion Pacific en v.o. – transforme un sujet de triomphe
purement américano-américain en un film d’aventures haut en couleurs, débordant de brio et d’enthousiasme. Une telle métamorphose est rendue possible par le caractère consensuel du thème en
question (la construction du chemin de fer reliant l’Est et l’Ouest des USA), dans lequel l’idéal américain de dépassement des frontières se rallie à une quête de progrès technologique et social
à laquelle tout le monde peut s’identifier sans peine. Loin des clivages partisans et des questions de vie ou de mort, le scénario de Pacific Express prend des airs de gigantesque
troisième acte, celui où d’ordinaire les embûches et les obstacles s’effacent devant l’irrésistible marche en avant du héros.



Pacific Express est une succession de problèmes à peine exposés déjà réglés, le plus souvent liés à la volonté de la firme
concurrente de l’Union Pacific de gêner le bon déroulement du chantier. Saloon ambulant rempli de tentations, faux travailleurs qui noyautent les équipes pour les inciter à arrêter le
travail, braquage du convoi amenant les paies, l’incorruptible Jeff Butler (Joel McCrea, qui deviendra ensuite l’acteur fétiche de Preston Sturges) a du pain sur la planche. La dualité chrétienne Bien – Mal sur laquelle semble basé le film (le
saloon explicitement qualifié de « diabolique » et l’église sont les deux principaux piliers de la ville-champignon des ouvriers) n’est qu’une façade ; comme le genre du
western dont elle est héritée, elle est détournée de ses origines schématiques par son métissage avec d’autres particularités du film. De même que les codes du western (poursuites à cheval,
attaques des indiens…) prennent une nouvelle fraîcheur en étant transposés dans un univers inhabituel, le manichéisme potentiel du récit est battu en brèche par la complexité intrinsèque des
protagonistes entourant Butler.



Aucun n’est fondamentalement bon ou mauvais, tous fluctuent au gré des circonstances dans l’entre-deux entre ces extrêmes : les adjoints un peu
voyous de Butler, la bande des saboteurs menée par les solides seconds rôles Brian Donlevy et Robert Preston, et surtout l’héroïne jouée par Barbara Stanwyck. La qualité des répliques de
celle-ci, le fait que sa romance soit avec un des méchants et non avec Butler (et qu’elle serve ainsi de pont entre les deux rivaux), et l’accent irlandais dont elle est affublée sont autant de
choses qui contribuent à en faire un personnage autrement plus fouillé que l’habituel objet de désir dépouillé de la faculté de penser. Elle rappelle le personnage féminin joué par Jean Arthur
dans un autre film optimiste de groupe de la même année, le Seuls
les anges ont des ailes
de Howard Hawks.



Cette confusion des genres et des ambiances sied évidemment à DeMille – elle représentait une grande partie de l’intérêt de Why change your wife ? et de Forfaiture. Lequel DeMille confirme ici qu’il est un
remarquable metteur en scène de situations (le monumental saloon, le démontage express de la ville, les différentes phases du chantier…) mais traite avec un dédain certain les scènes
d’action, de mouvement. La seule exception à cette seconde règle est le déraillement du train, réellement spectaculaire – et cependant moins saisissant que la longue séquence qui suit,
qui observe la lutte désespérée des trois héros acculés dans leur wagon démoli par des dizaines de soldats indiens.

 



Sur un mode encore plus mineur, La nuit au musée 2 qui vient de sortir au cinéma est un descendant de cette faculté du cinéma hollywoodien
à tirer le meilleur de sa débauche de moyens et de sa supériorité convaincue pour fédérer. Le concept comique employé est inépuisable : les collections des immenses musées américains prenant vie
à la nuit tombée, en gardant et leur état actuel (peinture, sculpture miniature ou géante…) et leur histoire immémoriale, faisant cohabiter centurions romains et cow-boys, le général Custer et
Attila. Dans cette suite, le lourd cahier des charges et l’obligation de réussite commerciale font perdre un peu de la belle pureté du premier volet ; mais les fous-rires sont toujours au
rendez-vous, grâce aux acteurs (Ben Stiller, Owen Wilson, Steve Coogan, Alain Chabat, etc. etc.) et aux digressions absurdes : la statue géante d’Abraham Lincoln qui se dégourdit les jambes, un
improbable duo Dark Vador – Oscar de Sesame Street venant poser sa candidature pour intégrer le gang des méchants… Vous vous ferez à votre tour vos propres meilleurs souvenirs.



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