• Noël à la cinémathèque (2/2) : Les as d’Oxford, de Alfred J. Goulding (USA, 1940)

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chump-1Où ?

À la cinémathèque, dans le cadre de la rétrospective consacrée à Laurel et Hardy (idéal pour les vacances de Noël, au côté du cycle sur le cinéma en 3D) et dans des conditions de projection très
« laurel-et-hardy-iennes » : deux interruptions totales, avec rallumage automatique des lumières de la salle, sont venues pimenter le premier quart d’heure du film.

Quand ?

Dimanche soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

 

Nés et grandis avec le cinéma muet et de format court (des sketchs d’une vingtaine de minutes, présentés par grappes de trois ou quatre dans les salles de l’époque), Stan Laurel et Oliver Hardy
ont su suivre l’évolution de leur art pour ne pas disparaître ; et donc s’exprimer plutôt dans des longs-métrages – pas trop longs tout de même : la durée des As d’Oxford dépasse
à peine l’heure – parlants. Mais si leur mue a réussi et leur a assuré une remarquable longévité (vingt-cinq ans de carrière commune sans discontinuer), c’est parce que les deux complices n’ont
en réalité quasiment rien changé à leur fonds de commerce. Le comique qu’ils mettent en œuvre dans Les as d’Oxford peut se définir comme « du comique muet, avec des
dialogues ». La plupart des gags qu’ils concoctent reposent toujours tout entiers sur le pouvoir de l’image et plus particulièrement, puisqu’il s’agit de cinéma, sur le pouvoir du montage :
hors champs ou surgissements soudains, ellipses ou bien absences de coupe pour répéter ad libitum l’effet comique.

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Les trois séquences les plus mémorables du film – la courte expérience professionnelle de Laurel travesti en servante au cours d’un dîner mondain ; l’errance nocturne du duo dans un labyrinthe
végétal ; et le changement radical de personnalité de Laurel (oui, c’est pour une fois lui plutôt que Hardy qui tient le haut de l’affiche dans Les as d’Oxford) – garderaient
ainsi le même caractère hilarant et la même limpidité virtuose dans leur construction, tant bien même le son serait absent. Laurel et Hardy n’ont pas non plus coupé les ponts avec la première
partie de leur carrière en ce qui concerne le déroulement scénaristique de leur long-métrage. Les as d’Oxford se divise en quatre sections bien distinctes et n’étant que très
vaguement liées entre elles par des éléments concrets de récit. Toutefois, un fil directeur plus consistant apparaît dans la thématique sur laquelle repose le film, qui fait justement écho à la
reconversion forcée du duo. Les sketches successifs montrent les deux hommes en quête soit de n’importe quel emploi alimentaire (employés de maison, balayeurs de rues) ; soit d’un lieu et d’une
existence alternatifs (étudiants à Oxford). Dans chaque situation, tout leur passé comique est balayé d’un revers de main, comme s’il n’avait jamais eu lieu. Cette forme de réécriture de
l’histoire, et l’angoisse enfouie qu’elle révèle, apportent une densité imprévue aux rafales de fous rires qui nous secouent une heure durant.

 

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