• Legend, de Ridley Scott (USA, 1985)

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Où ?

A la maison, en K7 vidéo enregistrée sur Canal+… « family »

Quand ?

Samedi après-midi

Avec qui ?

Seul

Et alors ?


Après les 2 chefs-d’œuvre inauguraux du
cinéma moderne que furent Alien (1979) et Blade runner (1982), respectivement ses 2è et 3è longs-métrages, le choix opéré par Ridley Scott de se lancer dans
Legend laissa les spectateurs d’alors, et laisse encore aujourd’hui, perplexe. Legend se base principalement sur un scénario et un univers qui plagient à parts
égales Dark crystal pour l’heroic fantasy et Le retour du Jedi pour le couple de héros et les simili-Ewoks, avec pour tête d’affiche un Tom Cruise pas
encore tout à fait star (il faudra attendre l’année suivante et Top Gun pour ça). La cible visée est clairement le jeune public ; comme d’autres avant et après lui, Ridley
Scott s’est donc partiellement fourvoyé à tenter de raboter son pessimisme pour réaliser un film pour enfants.

Partiellement seulement car, s’il n’est pas question ici de défendre bec et ongles un film franchement plombé et plombant par certains aspects, le génie plastique du cinéaste s’épanouit dans
Legend comme aux plus belles heures de Blade runner. De manière amusante, la version diffusée, qui était a priori la version « américaine » tronquée de
20 minutes par rapport à la version « internationale » (ou alors la version américaine dure une heure), améliore les choses. Le scénario bateau, les sidekicks comiques
affligeants, les scènes heureuses dégoulinantes de guimauve passent plus vite – puisque tout passe plus vite… – mais la beauté des images, elle, reste intacte. Quasiment déchargé de l’exigence
de raconter une histoire, Legend se transforme en flamboyante démonstration visuelle. Des scènes comme la découverte de la mort de la licorne ou une poursuite dans une nef aux
colonnes immenses (largement recyclée dans La communauté de l’Anneau) dégagent une telle énergie par la complexité de leurs décors, la magnificence de leur lumière, la grâce dans
les formes et les couleurs, qu’elles se passent de dialogues – ceux-ci gêneraient, même. On reste bouche bée devant ces tableaux, qui nous font oublier dans l’instant toutes nos réticences. Et
lorsque 2 séquences de cette sorte s’enchaînent sans transition scénaristique – ou alors très courte -, une féerie prodigieuse prend corps.

Dans d’autres scènes, ce sont les qualités reconnues de Scott qui font merveille : un grand sens du rythme et du suspense (2 montages alternés très efficaces), un plaisir manifeste à décrire
des personnages et des situations troubles – une princesse qui se laisse séduire par un démon, un esprit de la forêt au corps d’enfant, à la voix d’adulte et aux intentions énigmatiques. Mais
bon, il est évident que sur ces 2 points, d’autres films de Scott (à commencer par les 2 cités en introduction) font autrement mieux l’affaire…

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