• Le (double) classique (musical) du jour : Certains l’aiment chaud, de Billy Wilder (USA, 1959), et Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (France, 1966)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2 issus de mes beaux coffrets cadeaux de Noël consacrés à chacun des deux réalisateurs

Quand ?

Le soir du réveillon du nouvel an, et le soir du nouvel an

Avec qui ?

Ma femme

Et alors ?

Certains l’aiment chaud et Les demoiselles de Rochefort sont deux merveilleux films d’une merveilleuse simplicité. Celle-ci vient du fait que les deux réalisateurs
ont mis en place, plus qu’un film, un univers clos n’obéissant qu’aux règles fixées par eux-mêmes. Dans Certains l’aiment chaud, l’irréaliste travestissement des deux personnages
principaux est admis dès l’instant où ils endossent des vêtements féminins, et sa remise en cause n’est à aucun moment un enjeu de scénario. Les demoiselles de Rochefort fait
chanter et danser des dizaines de personnes, jusqu’aux figurants en arrière-plan, dans les décors réels de la ville où se déroule l’action.


La magie du cinéma, c’est qu’à partir du moment où le cordon ombilical avec la réalité est ainsi coupé, tout devient possible. Les deux films prennent ainsi un malin plaisir à intégrer à leur
récit un événement sanglant : un tueur barbare dans Les demoiselles…, un règlement de comptes entre gangs mafieux dans Certains l’aiment chaud. À chaque fois, la
péripétie est traitée frontalement, et pourtant avec le sourire, sans rien ombrager du reste du film. « Radieux » est en effet un adjectif résumant parfaitement ces deux longs-métrages.
Tout n’est que sourire et allégresse dans un cas comme dans l’autre : intérieurement chez Wilder, où la bonne humeur se transmet principalement par les blagues et l’avalanche de situations
comiques ; extérieurement chez Demy, qui fait déborder l’écran de couleurs pastel et de chorégraphies somptueuses. Quelle que soit la méthode choisie, il est impossible de résister à l’enivrement
ainsi offert.


Il n’y a pas de miracle : pour arriver à un tel degré de volupté, les deux films reposent en coulisses sur une mécanique scénaristique de grande précision. Précision microscopique chez Wilder :
la réutilisation filée de scène en scène et de dialogue en dialogue de tournures de phrases marquantes, d’anecdotes saugrenues de quiproquos irrésolus et de sentiments de rivalité ou complicité
entre les protagonistes, tout cela pour orchestrer la montée en épingle des gags ne pourrait pas être plus à un plus haut degré de perfection que dans Certains l’aiment chaud -
jusqu’à la chute, merveilleuse, concise, évidente, « Nobody’s perfect ». Précision macroscopique chez Demy : l’enchevêtrement des liens familiaux et sentimentaux contrariés
entre les différents personnages est magistral, avec un fonctionnement dual d’une fluidité qui fait tout paraître simple. Dans la première partie, tout le monde se croise hormis ceux qui ont un
non-dit à résoudre, un coup de foudre à concrétiser. Dans la seconde moitié, il n’y a plus qu’à faire survenir – après les avoir plus ou moins retardées – ces rencontres tant attendues, et le
tour est joué…


Il ne reste ensuite plus qu’à ajouter sur cette base idéale un casting en or (Deneuve, Dorléac, Darrieux d’un côté de l’Atlantique, Lemmon, Curtis de l’autre), agrémenté d’une guest star
prestigieuse et parfaitement choisie – Gene Kelly, Marilyn Monroe – ; et le tour est joué. La magie peut opérer.

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