• Le braqueur, de Benjamin Heisenberg (Allemagne-Autriche, 2010)

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braqueur-1Où ?

Au MK2 Bastille (où le film passe encore cette semaine)

Quand ?

Lundi soir, à 22h

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

 

Pendant un bon moment, Le braqueur est un polar solide mais pas franchement emballant. Il est trop « germanique » pour ça, avec tous les curseurs émotionnels
bloqués à zéro voire dans les valeurs négatives. Il y a là une filiation indéniable avec la série Derrick. Quand bien même on souhaiterait ardemment, pour la capacité
d’exportation du cinéma allemand et autrichien, que celle-ci ne soit qu’une blague récurrente et sans fondement, ce n’est pas le cas. Mais cette sécheresse donne tout de même une grande
efficacité aux moments qui forcent une rupture avec la banalité du quotidien – c’est-à-dire les scènes fulgurantes, des inserts presque, que constituent les braquages exécutés par Johann, le
braqueur du titre. Ces instants sont des concentrés de pure énergie, animale, sans réflexion complexe et certainement pas basés sur une quelconque planification à l’avance telle que le genre du
film de braquage s’en délecte. Johann enfile son masque, pique une voiture, entre dans une banque, sort son fusil et repart avec l’argent liquide du guichet, selon un rituel qui peut déchirer la
routine du récit à tout moment et nous coupe le souffle.

braqueur-2

Le film s’anime plus sérieusement dans son dernier tiers, une chasse à l’homme vis-à-vis de laquelle ce qui précédait semblait n’être qu’une répétition. La mise en scène se fait inflexible,
tendue à l’extrême, et le scénario ne dévie à aucun moment de son chemin fait de violence et d’obsession de la fuite. Au cœur de cette installation trône le personnage principal, très chabrolien dans la manière dont on ne sait absolument rien de lui, et surtout pas de ce qu’il pense. Il est un fascinant mystère, agissant uniquement
selon son instinct qui peut tout aussi bien le sauver (en produisant une intelligence situationnelle acérée : face à chaque problème, il trouve une solution immédiate) que le trahir – comme
lorsque son insatisfaction suite à un premier braquage le pousse à en faire un second immédiatement, deux rues plus loin, au mépris du danger. En suivant Johann jusqu’à son dernier souffle, sans
un regard pour le reste de la société « normale », le réalisateur Benjamin Heisenberg a fait assurément le meilleur choix possible pour son film.

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