• La traversée du temps, de Mamoru Hosoda (Japon, 2006)

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Où ?

À l’UGC de La Défense, car j’y allais avec un copain qui habite dans le coin

Quand ?
Le week-end dernier
Avec qui ?
1 copain donc, fan de japanimation
Et alors… ?


Peu médiatisé, affublé d’une affiche passe-partout et sortant à une période ingrate, La traversée du temps devra compter sur les bonnes critiques qu’il a reçues et sur le bouche-à-oreille pour faire son trou (en clair : allez vite le voir !). Le caractère atypique de ce film d’animation drôle, intelligent et particulièrement émouvant a donc prévalu sur les nombreux prix qu’il a obtenus – en particulier celui du dernier Festival d’Annecy.

L’ironie dans tout ça est que ce qui rend La traversée du temps si inhabituel est son attachement très marqué à la description du quotidien, loin des grandes épopées et des personnages fabuleux qui peuplent la plupart des animes venant du Japon. Ici, le point de départ fantastique du récit (Makoto, une lycéenne normale, se voit offrir par hasard la possibilité de voyager dans le temps) n’affecte que de manière mineure la marche du monde dans lequel il se produit. Makoto va en effet se servir de ce pouvoir pour arranger les choses qui ont rendu sa journée mauvaise avant de se rendre compte que si quelqu’un gagne, cela signifie forcément que quelqu’un d’autre perd. Chacune de ses petites victoires, du réveil à l’heure à l’interro surprise, va ainsi avoir des conséquences négatives sur ses proches, et qui vont à leur tour nécessiter correction. Jusqu’à l’accident de vélo mortel auquel Makoto a échappé par miracle grâce à son pouvoir, et qui se retrouve transféré sur l’un de ses meilleurs amis…

Le réalisateur néophyte Mamoru Hosoda trouve un équilibre étonnant entre progression dramatique (la situation générale qui empire alors que le nombre de voyages dans le temps disponibles s’amenuise) et touches d’humour (les retours dans le passé se concluent invariablement par une collision entre Makoto déboulant à toute vitesse et un élément du décor), de même qu’entre un récit nourri à la science-fiction la plus ambitieuse et des personnages très bien écrits, qui sont tous éminemment sympathiques et proches de nous. Cet ensemble foisonnant, Hosoda sait également le dynamiser par de belles idées formelles, en particulier pour transcrire de manière visuelle le rapport des personnages au temps – on pense aux entrées et sorties du cadre, moyen à la fois intuitif et fort habile de donner encore plus de force aux allées et venues entre passé et futur.

Tout comme son héroïne voyage dans le temps avec la fougue et l’insouciance de son âge, le film saute entre les genres et les atmosphères et tire le meilleur de la profusion de choix qui s’offrent à lui. On ne peut à aucun moment prédire quel sera le prochain coup, la prochaine surprise – bonne ou mauvaise. La liste hétéroclite des motivations des voyages dans le temps (collisions mortelles, peines de cœur mais aussi amour de l’art) et les surprises que réservent leurs résolutions résument parfaitement le kaléidoscope singulier qu’est La traversée du temps. S’y exprime avec une grande sensibilité la beauté fragile et forcément éphémère de l’instant présent, mélange complexe des détails anodins du quotidien et de l’immensité du monde qui nous englobe.

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