• La famille Jones, de Derrick Borte (USA, 2009)

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jones-1Où ?

Chez moi

Quand ?

Mardi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

 

Les semaines passent et les gâchis made in USA se succèdent. Après
Buried
il y a quinze jours, c’est cette fois-ci La famille Jones qui fait la démonstration
qu’avoir une unique idée, aussi bonne soit-elle, ne suffit pas. Buried ne faisait rien de son héros enterré vivant dans un cercueil ; La famille
Jones
ne fait rien de ses personnages VRP 24h/24, car leur vie toute entière est une entreprise de publicité destinée à faire acheter certains produits ciblés à leurs voisins.
Monsieur, Madame et leurs deux enfants ne sont pas unis par les liens du livret de famille mais par ceux de leurs contrats de travail respectifs ; quant à leur maison parfaite et à leurs
possessions dernier cri, elles sont fournies et renouvelées régulièrement par leur employeur.

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Le concept est brillant, et aurait tout à fait eu sa place comme point de départ d’une nouvelle paranoïaque et acerbe d’un Philip K. Dick ou autre. Mais le réalisateur et scénariste Derrick Borte
manque d’à peu près tout ce qu’il faudrait pour que cette graine s’épanouisse en une histoire, puis un film valables. Il aurait fallu de l’esprit dans les répliques, de l’allant dans la mise en
scène, et surtout une bonne dose de cynisme pour rivaliser d’égal à égal avec l’ampleur et la violence des implications du thème. Au lieu de tout cela, on doit subir la médiocrité constante de
Borte, qui passe l’intégralité du film à tourner le dos à la complexité et à l’approfondissement des enjeux et des rouages. Dialogues et réalisation sont d’une platitude inouïe, et la moindre
séquence un tant soit peu délicate ou recherchée (méthodes pour manipuler les voisins et booster les ventes, résolution de conflits internes) est éludée en un montage passe-partout et accompagné
de musique – très mal choisie. D’un point de vue plus global, La famille Jones est navrant d’ingénuité et de bien-pensance. C’est un film bisounours, qui refuse
catégoriquement de faire l’étude de son concept, et ne l’a en définitive introduit que dans le but de le réprouver publiquement, pour que triomphent la bonté, la sincérité, ce genre de chose. Pas
étonnant dès lors qu’il s’aiguille très vite (à peine le premier acte achevé) vers le cocon ouaté de la comédie romantique dans ce qu’elle a de plus convenu, avec une glorification univoque de
l’amour tendre et de la famille hétérosexuelle avec enfants. C’est d’autant plus regrettable que les seuls instants où Borte s’affirme et sort son film de la léthargie ont pour origine un désir
sexuel soudain : les avances de la « fille » sur le « père » (avant que l’on sache explicitement qu’ils n’ont aucun lien de parenté), le coming out du fils. De
là à penser que le réalisateur devrait lui aussi faire son coming out et assumer des films plus osés…

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