• Juno, de Jason Reitman (USA, 2007)

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Où ?

 

À l’UGC Normandie, sur les Champs-Élysées

 

Quand ?

 

Mercredi (jour de la sortie) à 20h

 

Avec qui ?
Une salle pleine (Juno, futur succès au long cours au box-office ?) et ma femme, qui a a-do-ré – le sujet central du film (la maternité) et le traitement des
personnages de chaque sexe, plus en faveur des femmes, rendent assurément Juno plus marquant pour le public féminin. Mais j’ai quand même aimé moi aussi, comme va le
démontrer – brillamment – la suite de ce texte.

 

Et alors ?

 

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Avant toute chose,
Juno est un film porteur d’espoir. Il entrouvre la possibilité de voir quelqu’un chiper dans 2 semaines l’Oscar de la meilleure actrice à la « performance »
hystérico-grimée de Marion Cotillard dans La môme. Le choix de la jeune Ellen Page (21 ans, découverte dans Hard candy et qui a déjà remporté
le Golden Globe dans la catégorie comédie) récompenserait un vrai travail de création de personnage où tout se joue de manière discrète, presque invisible, dans les détails et les inflexions.
Cette description est également applicable au film dans son ensemble.

 

Loin du gnangnan Little Miss Sunshine auquel certains tentent de le rattacher (en tant que film indépendant doux-amer avec des vrais américains de tous âges),
Juno parvient à être à la fois sincère et sophistiqué, à chaque fois pour le meilleur. Sincère, l’environnement dans lequel vivent les personnages : une zone
résidentielle américaine anonyme, que le scénario ne cherche jamais à leur faire quitter pour leur faire vivre une grande aventure. Tout se déroulera et se résoudra dans une poignée de maisons,
un lycée et au plus loin le centre commercial local. Sincères aussi, les enjeux terre-à-terre du film. Juno, l’héroïne, tombe enceinte lors de son premier rapport sexuel, avec un garçon avec qui
elle ne sort même pas « officiellement » (Michael Cena, toujours parfait dans le rôle de l’ado lunaire qu’il a créé dans Arrested development et Supergrave). Juno a 16 ans, n’a pas fini ses études, n’est pas plus
motivée que ça par l’avortement, et va donc mener sa grossesse à terme (avec le soutien de ses parents et amis) puis faire adopter l’enfant par un couple d’adultes. Et c’est à peu près tout.

 

Sincère enfin, le refus du film de soutenir une cause, une morale quelle qu’elle soit ; y sont observés avec la même neutralité respectueuse et sereine les pro- et les anti-IVG, les gens qui
veulent vivre leurs rêves et ceux qui acceptent des compromis plus pragmatiques, les adultes et les ados. Ce n’est de toute évidence pas de la fainéantise, mais un vrai choix qui fait de
Juno un film étonnant, un précipité d’american way of life consciemment utopique, une ballade paisible ne s’appuyant sur aucune béquille grandiloquente ou
simplificatrice pour émouvoir ou faire rire. Pour toutes ces choses, Juno s’en remet plutôt à la sophistication d’écriture de son script. Sur ce point, on quitte toute
forme de réalisme puisque chaque protagoniste du film possède une fonction bien définie dans le cadre du récit – l’exemple le plus évident étant Juno elle-même, personnage fantasmé, au mélange de
maturité et d’innocence absolument improbable mais irrésistible. La meilleure définition possible du personnage a été donnée dans Les inrockuptibles : une super-héroïne tirée d’un
comic de la Marvel.

Quant aux dialogues, ils sont bien plus efficaces qu’ils ne le seraient s’ils cherchaient à reproduire la réalité. Leur mélange d’humour dévastateur et de compréhension piquante de la vie fait
mouche quasiment à tous les coups, d’un « Kids get bored and then they have intercourse » à un « The right person will think the sun shines out of your
ass »
tout simplement extraordinaire.

Un tel script est du pain béni pour le spectateur autant que pour les acteurs, qui rendent l’ensemble vivant et limpide. On a déjà parlé des « jeunes » Ellen Page et Michael Cena,
n’oublions pas les « vieux » Jason Bateman, Jennifer Garner et J.K. Simmons. Le seul à être un peu en retrait, c’est le réalisateur, Jason Reitman. Son 1er long, Thank you
for smoking
, n’était déjà qu’à moitié convaincant ; le 2è confirme un manque criant de personnalité, avec des choix de mise en scène qui semblent se réduire à « Je mets
une chanson folk ou j’en mets pas ? » et à copier des idées vues ailleurs. Mais tout de même, et malgré son metteur en scène, Juno est une très belle et très
douce surprise.

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