• Holiday, de Guillaume Nicloux (France, 2010)

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holiday-2Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans une (déjà) petite salle

Quand ?

Lundi matin, à 11h

Avec qui ?

MaFemme

Et alors ?

 

Plus qu’une simple escapade humoristique intervenant entre deux polars sérieux, Holiday marque possiblement l’arrivée d’un second souffle dans la carrière de Guillaume
Nicloux. Celui-ci, après le très bon Une affaire privée, s’est en effet peu à peu enferré dans un sérieux toujours plus mortifère qui asphyxie les films suivants,
Cette femme-là et La clef. Le passage à un registre comique et extravagant remet en pleine lumière les qualités qui ont fait sa renommée.
Qualités de mise en scène, car cela fait toujours plaisir de voir une comédie sachant soigner son apparence (les cadrages, la photographie de Holiday sont de premier
choix) ; et encore plus qualité d’écriture, pour les personnages autant que pour l’intrigue à tiroirs qui les occupe et les réunit.

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Celle-ci comporte un crime, mis en avant par la bande-annonce et le film lui-même au moyen de ses intertitres en forme de compte à rebours. Mais c’est un élément parmi beaucoup d’autres, et
traité comme les autres : primordial pour une poignée de personnages, secondaire pour tous les autres. Chaque occupant de l’hôtel relais-château pour le week-end sur lequel est resserré
Holiday arrive en effet avec dans ses bagages sa dose personnelle de priorités et de soucis. Nicloux les considère non comme des silhouettes se fondant dans un groupe,
mais comme des individualités qui sont chacune le protagoniste central de sa propre histoire. Il n’a besoin pour cela que d’une scène pour chacun, et l’effet sur leur intérêt à nos yeux est
substantiel. Des interférences vont bien sûr se produire entre ces affaires, et produire leur lot de gags bien sentis ; mais l’ambiance générale est plutôt à l’absence d’interactions de
taille, ce qui est encore plus drôle. Faisant preuve d’un égoïsme radical, tous et toutes s’accrochent coûte que coûte à leur satisfaction individuelle et refusent le plus possible les compromis
ou même les dérangements que peut produire le fait de s’intéresser à autrui. Le seul à n’avoir aucun besoin nombriliste clair à assouvir devient évidemment le bouc-émissaire par défaut de tous
les autres, celui sur qui les emmerdes vont s’abattre sans fin.

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C’est Jean-Pierre Darroussin, complice de longue date de Nicloux (il a interprété pour lui Le Poulpe dans son premier long-métrage) et immense acteur de composition, qui
donne vie au personnage. Il le rend à la fois peu aimable car beauf, indolent, râleur, et tout de même suffisamment à plaindre pour que l’on ait quelque chose à faire de sa situation qui va en
empirant. L’élément le plus exemplaire de la valeur de la prestation de Darroussin est l’idée de bougonner à haute voix pour lui seul sur tout ce qui lui arrive. Loin d’être répétitive et
pesante, elle alimente le film en énergie et en animosité dans ses moments de réaction ou de transition. Le reste du temps, la bousculade d’événements tordus et de personnalités dépravées à tous
les étages de l’hôtel assure le spectacle, lequel est d’un vice et d’un mauvais goût jubilatoires. On baise, on boit, on fume des joints, on espionne, on raille, on grogne, on se met sur la
tronche, on manigance un meurtre cupide, aussi, pour certains. Comme on le voit les activités constructives, ou même neutres sont strictement prohibées ; ainsi
Holiday et son panier de crabes peuvent n’avoir ni objectif à atteindre ni morale à défendre. Tant mieux.

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