• Ce que mes yeux ont vu, de Laurent de Bartillat (France, 2007)

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Où ?

Au ciné-cité Bercy

Quand ?

Vendredi dernier


Avec qui ?

Seul, dans une salle bien remplie (ce qui fait toujours plaisir pour un film français non formaté)


Et alors ?

Un arrière-plan original, un bon suspense, des dialogues et situations réalistes et spontanés : Ce que mes yeux ont vu a dans sa manche quelques atouts pour éveiller la curiosité et faire suffisamment marcher le bouche-à-oreille pour réaliser une carrière honorable. Utiliser le milieu de l’histoire de l’art (l’héroïne, jouée par Sylvie Testud, cherche à découvrir l’identité d’un personnage féminin peint de dos sur de nombreux tableaux de Watteau) donne ainsi une vraie personnalité au film. Laquelle est bien exploitée pour offrir une variation originale sur un récit à suspense, surtout dans la dernière partie où Ce que mes yeux ont vu s’emballe à coups de rayons X, de vente aux enchères, de noms d’emprunt… Un très bon point pour l’histoire palpitante, donc – on se prend tellement au jeu qu’on est quelque peu déçu d’apprendre au final que tout cela n’était que fiction, sans base concrète.

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Par contre, de Bartillat a encore des progrès à faire sur les personnages et leur psychologie. Comme tous les auteurs-réalisateurs français ou presque, il en fait des tonnes là où ce n’est absolument pas nécessaire, surtout dans un thriller (que quelqu’un leur montre des Hitchcock pour les en convaincre, bordel). Il n’y avait clairement aucun besoin de courir 2 lièvres à la fois comme Ce que mes yeux ont
vu
le fait. Dans une attitude proche de la schizophrénie, le film développe en effet en parallèle une piste « Vertigo » des plus réussies (la frontière poreuse entre l’art et la vie, esquissée sans bruit dans la ressemblance entre Sylvie Testud et le Pierrot de Watteau, ou dans la digression / mise en abyme sur l’œil de l’âne dans ce même tableau) et un besoin caricatural de tout expliciter, de tout psychanalyser. Par exemple, y a-t-il VRAIMENT besoin que l’amant-confident sacrifié par l’héroïne dans sa quête obsessionnelle de la résolution du mystère Watteau soit un mime de rue sourd-muet et orphelin ? (tout à fait, un mime de rue sourd-muet et orphelin). S’il parvient à prendre suffisamment confiance en ses qualités de conteur de genre pour se débarrasser de telles béquilles qui ne sont finalement que des chausse-trappes, de Bartillat deviendra peut-être un nom à suivre.

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