• Blue velvet, de David Lynch (USA, 1986)

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Où ?
Chez moi, en… K7 vidéo (dingue !)
Quand ?
Ce week-end
Avec qui ?
Seul
Et alors… ?

Je n’avais pas du tout accroché à Blue velvet la première fois que je l’avais vu, il y a environ cinq ans de cela. Les conditions n’étaient alors pas idéales (diffusion en deuxième partie de soirée, mauvaise qualité de la réception TV), et j’adore sans réserves tous les autres films de Lynch – oui oui, même INLAND EMPIRE – donc j’ai décidé de retenter le coup.

Bilan : Blue velvet est toujours le long-métrage que j’apprécie le moins du cinéaste, mais il s’est bien rapproché des autres. Il y a encore trop de choses qui me gênent : l’interprétation décadente de Dennis Hopper, qui ne parvient à créer chez moi que des rires moqueurs difficilement réprimés (et sûrement pas l’ombre d’un trouble ou d’un frisson), ou encore la façon maladroite et peu inspirée qu’a Lynch de croquer pour la première fois un univers contemporain réaliste – Blue velvet vient après Eraserhead, Elephant man et Dune. Les ficelles sont trop voyantes, les antagonismes trop marqués entre d’un côté l’innocence naïve et lumineuse du quotidien des jeunes héros (Kyle MacLachlan, Laura Dern) et de l’autre le monde interlope et dangereux des adultes pervertis (Dennis Hopper, Isabella Rossellini). Cela m’arrange bien sûr car ça va dans le sens de ma chronique, mais depuis Blue velvet Lynch n’a touché qu’une seule fois au réalisme, pour son « anti-film » Une histoire vraie. Quant à ses labyrinthes foncièrement lynchiens (Sailor et Lula, Lost highway, Mulholland drive, INLAND EMPIRE), ils s’enfoncent de plus en plus dans l’onirisme et le fantastique.

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L’intérêt de Blue velvet réside donc à mes yeux principalement dans ce qu’il annonce des labyrinthes à venir. Le film est de ce point de vue un prologue, avec l’apparition de motifs devenus en vingt ans des signes distinctifs forts du cinéaste : place prépondérante donnée aux chansons, duplicité du monde du spectacle (un fait qui est à la fois source de fascination et de dénonciation), personnage central de femme fatale complexe et torturée, paradis perdu des années 50.

Les 2 derniers points se traduisent dans le film par les 2 plus belles séquences. Lorsque MacLachlan et Hopper rendent visite à la famille dans laquelle est retenu le fils de Rossellini, le décrochage brutal entre l’ambiance dans la maison – lumière feutrée, personnages accueillants, musique rétro – et ce qui se trame à l’extérieur annonce le pavillon de banlieue aux débouchés spatio-temporels démultipliés de INLAND EMPIRE. Plus impressionnante encore est la première rencontre entre Rossellini et MacLachlan, au cours de laquelle Lynch déconstruit et remodèle à sa guise les fantasmes liés à la féminité. La chanteuse à la voix suave et au regard aguicheur jouée par l’actrice italienne est soudain filmée sans désir (panoramique neutre, grand angle écrasant), le temps de nous apprendre qu’elle a un enfant et qu’elle porte une perruque. 2 mythes sont détruits en quelques secondes : la « pureté » de la femme fatale, qui rejette le rôle de mère, et sa perfection physique, toute entière tournée vers la satisfaction du désir masculin. À la suite de cela, la réalisation du fantasme – voir la femme nue – est forcément déceptive : elle a lieu dans la salle de bain au fond du couloir, dans un coin du cadre. Et quand l’objet du désir revient, elle a remis des vêtements et sa perruque ; le jeune héros va malgré tout tomber sous ce charme dont il sait maintenant qu’il est construit sur des artifices. De la même manière que Lynch tombe film après film sous le charme de ses interprètes, en même temps qu’il s’amuse à mettre des bâtons dans les roues de leur jeu de séduction…

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Finalement, il y a bien quelques petites bonnes choses à dire sur Blue velvet !

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