• Baby mama, de Michael McCullers (USA, 2008)

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Où ?

En téléchargement sur la VOD de Canal+, sur mon ordinateur portable dans le train du retour de Suisse

 

Quand ?

Dimanche soir

 

Avec qui ?

Ma femme

 

Et alors ?

 

Sorti directement en DVD (ainsi donc que sur Canal+) en France, Baby mama est la première percée au cinéma de la comique Tina Fey, créatrice/interprète de l’une des meilleurs
sitcoms du moment (30 Rock) et ayant atteint une célébrité internationale avec ses imitations de Sarah Palin pour le Saturday Night Live durant la dernière campagne présidentielle américaine. Fey joue en terrain connu dans
Baby mama, avec un rôle voisin de celui qu’elle tient dans 30 Rock – une executive woman qui a sacrifié sa vie privée au profit de sa carrière et déprime
à l’approche de la quarantaine à cause de ce choix – et pour lui donner la réplique une partenaire qui est une complice de ses sketches au Saturday Night Live : Amy Poehler (vue aux
côtés de « Tina Palin », ainsi que dans Les rois du
patin
).

 

Poehler joue Angie, la « baby mama » du titre, une mère porteuse payée à prix d’or par l’héroïne Kate pour être enceinte de l’enfant que cette dernière ne peut avoir elle-même. Le
prologue montrant les autres pistes explorées par Kate (adoption, insémination artificielle) et leur échec avant d’en arriver à cette solution donne le ton du film : drôle, mais pas
ridicule. Le propos de fond de Baby mama est, toutes proportions gardées, tragique, ce que l’abattage comique du duo Fey/Poehler vient tempérer en surface sans jamais chercher à
le faire complètement oublier. Ainsi, la scène où Kate apprend qu’elle n’a qu’une chance infime de mener une grossesse à terme à cause de médicaments expérimentaux pris par sa mère pendant sa
propre grossesse ne fait rire que grâce à l’effet incongru de ces médicaments toxiques (un utérus en forme de ‘T’), et aux mimiques exagérément crispées de Tina Fey à l’annonce de cette nouvelle.
Le réalisateur-scénariste Michael McCullers (inconnu au bataillon) ne sort jamais les gros sabots ; ses blagues tiennent plutôt de la comédie de mœurs, avec un intérêt prononcé pour la
caricature inspirée des lubies des riches et des travers des pauvres. Les univers complètement cloisonnés dans lesquels vivent les premiers et les seconds ne se rencontrent qu’en un unique point,
bien maigre ; une même croyance illuminée, tendance new age, en la capacité de sentir les « auras » des gens et les « énergies » des lieux.

En rêve, Baby mama serait un descendant mineur mais en ligne directe des chefs-d’œuvre doux-amers de Billy Wilder (La garçonnière, Irma la Douce), où le cinéaste utilisait des héros
tristes, plongés dans des intrigues cocasses, pour croquer avec ingéniosité l’air de son temps, les angoisses et les traits distinctifs de ses semblables, et trouver à tout cela un goût
savoureux. Le scénario de McCullers possède les bases et le ton nécessaires pour assumer une telle filiation ; il lui manque le souffle et l’ambition. Une demi-heure de plus par rapport au
minimum syndical de 90 minutes pour approfondir ces personnages prometteurs n’aurait pas été de refus. Dans le même ordre d’idée, le film tel qu’il était lancé méritait bien mieux que la
conclusion prémâchée et vide de sens dont il s’est retrouvé affubler. On aurait pu par exemple imaginer sans peine un renversement moderne des attributions par rapport aux poncifs sur le couple,
avec Kate dans le rôle du parent faisant carrière et ramenant l’argent, et son boyfriend transparent se voyant chargé de l’éducation de leur enfant (la fille qu’il a eu d’un premier
mariage).

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