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- Another year, de Mike Leigh (Angleterre, 2010)
 
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Où ?
  
Au ciné-cité les Halles
Quand ?
Mercredi matin, à la première séance
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
    La digression heureuse de Mike Leigh n’aura duré que le temps de l’autoproclamé Be happy.Another year marque son retour dans le sillon qui est
    connu comme étant le sien, celui de l’auscultation des fêlures intérieures et des entraves extérieures qui rendent la vie si rude pour la plupart des common people. Le travail de Leigh a
    toujours été le complémentaire de celui de son plus proche confrère, Ken
    Loach, avec une dominante affective alliée à une mineure politique, et ce onzième long-métrage de sa part reconduit ce schéma désormais familier. Les sujets qui nourrissent le
    small talk des personnages comportent ici une référence au prix des places dans les stades de foot, prohibitif pour le public populaire, là un débat lucide sur l’inévitable concours de
    chacun au réchauffement climatique ; mais les angoisses principales de chacun sont d’ordre amoureux et familial. Ce qui ne les rend pas moins importantes ni virulentes.
  
    
  
    Une opposition de classes rappelant celle de Secrets et mensonges, le chef-d’œuvre de Leigh, sert de base à Another year. On y trouve d’un côté
    le couple parfait formé par Tom et Gerri, et de l’autre les différents amis et proches moins bien lotis, qui gravitent autour d’eux tels des planètes autour d’une étoile. Les premiers et les
    seconds sont rapprochés par l’âge – ils sont tous à l’automne de leur vie, retraités ou commençant à y songer – mais s’en trouvent d’autant plus séparés par leur réussite (ou absence de) dans
    l’existence ; car il est maintenant trop tard pour eux pour espérer une nouvelle chance. Leurs cartes resteront les mêmes jusqu’à la fin de la partie, bonnes ou mauvaises. Cette inéluctabilité
    ouvre entre eux un gouffre invisible mais également infranchissable. Depuis leur rive, Tom et Gerri ne peuvent être qu’au mieux compatissants, au pire indifférents à ces malheurs et mal-êtres
    qu’ils observent chez les autres. En face, les malheureux en question voient leur peine redoublée par la proximité de l’exemple d’une vie saine et comblée. Mais si nul ne se satisfait
    véritablement de cet équilibre, il ne viendrait à personne l’idée de le rompre. Les uns apprécient être scrutés et enviés et les autres ont besoin d’être au plus près d’eux, à défaut d’être comme
    eux.
  
    
  
    La vision des rapports humains ainsi développée par Leigh est perspicace, et bien développée – en considérant qu’il est impossible d’influer réellement sur la vie de qui que ce soit, hormis son
    conjoint et ses enfants. Mais elle ne renverse pas franchement des montagnes, et, surtout, sa mise en pratique via le portrait de groupe de Tom, Gerri et les autres est trop ampoulée. Bien qu’il
    n’y ait cette fois pas de prétexte narratif à la rencontre de deux classes, comme l’était la quête de la mère biologique dans Secrets et mensonges, le canevas
    scénaristique de Another year apparaît comme le plus artificiel des deux. La qualité des personnages des deux groupes en présence est déterminée, de manière stricte,
    dans tous les domaines où un pan de leur caractère nous est dévoilé : sentimental (en couple / solitaires), professionnel (emplois de renom / peu qualifiés), mondain (ceux qui savent évoluer en
    société, discuter de l’actualité, gérer les conflits, et les autres), etc. La balance penchant toujours dans le même sens, l’opposition devient binaire et pousse Another
    year à se replier sur une démonstration trop scolaire et balisée de son propos. Exemple, les scènes d’introduction des deux premiers amis de Tom et Gerri, Mary et Ken, se retrouvent
    à être identiques dans leur déroulement. Et ni la mise en scène, inspirée (le travail sur les couleurs en fonction des saisons qui passent, le mouvement d’appareil qui isole sèchement l’un des
    personnages dans le dernier plan), ni les acteurs, fidèles de Leigh – Lesley Manville, Ruth Sheen, Jim Broadbent – et toujours aussi à l’aise devant sa caméra, ne parviennent à racheter
    totalement cette artificialité du récit.
  
