• 7h58 ce samedi-là, de Sidney Lumet (USA, 2007)

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Où ?
Au ciné-cité les Halles, dans une des plus grandes salles

Quand ?

 

Samedi matin

 

Avec qui ?
Mon collègue d’UGC, et un ami commun venu de Toulouse pour le week-end. Pour une séance matinale, la salle était bien remplie.

 


Et alors ?

 

À 83 ans, Sidney Lumet est encore en pleine forme – et pas seulement car il ouvre son nouveau film par une scène de levrette particulièrement sensuelle, passionnée et réaliste. Si
7h58… n’a pas la grandeur de ses films traités récemment dans ces pages (Le prince de New York, The
offence
), il reste supérieur à la plupart des polars sortis cette année – et cela malgré un scénario dont la seconde moitié est bien inférieure à la première.

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Dans sa première heure, 7h58… réussit à faire du neuf avec du vieux (un braquage qui tourne mal et laisse 2 morts sur les lieux du crime) et du vieux (un récit morcelé
en flash-backs donnant chacun le point de vue d’un protagoniste, et apportant ainsi tour à tour des pièces pour compléter le puzzle). Les 2 éléments sont utilisés avec suffisamment d’intelligence
pour tisser une intrigue efficace et accrocheuse. Cependant, c’est surtout l’enrobage qui emporte l’adhésion. Tous les protagonistes de ce drame familial – les braqueurs sont 2 frères, et leur
cible est la bijouterie tenue par leurs parents – bénéficient d’incarnations hors pair, dans le sillage des 2 participants à la scène de levrette citée en ouverture. Philip Seymour Hoffman et
Marisa Tomei mettent en effet à profit les personnages complexes qui leur sont offerts pour donner toute la mesure de leur talent protéiforme – et sublimer les dits personnages. 2 autres
collaborateurs au film rendent également une copie de grande classe : le compositeur Carter Burwell, dont la partition est un modèle d’accompagnement d’une tragédie filant inexorablement
vers son terme ; et bien sûr Sidney Lumet. Ce dernier pilote à merveille les chassés-croisés entre les personnages et entre les périodes temporelles, et signe ici et là quelques scènes
mémorables : les visites de Hoffman chez son dealer, les moments où les rancunes familiales si longtemps ressassées explosent en plein jour.

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La suite baisse d’un ton, en se montrant incapable de rebondir sur les conséquences du braquage. Du coup, le film subit un gros trou d’air, avant que ne s’échafaude une construction un peu
alambiquée et redondante avec le braquage initial pour obtenir un final tragique en bonne et due forme. Celui-ci fonctionne tout de même honorablement, grâce à un Hoffman qui prend le chemin
d’une folie glaçante et irréversible, sans tomber dans la caricature forcenée et hystérique. L’acteur bénéficie tout de même d’être le mieux servi par le scénario, qui fait disparaître un peu
trop vite du radar certains des autres personnages centraux pour boucler de manière entièrement satisfaisante son récit. Mais soyons francs : cela, on le remarque réellement après le film.
Sur le moment, la mise en scène de Lumet fait admirablement fonctionner l’ensemble pour nous prendre aux tripes devant l’explosion irrécupérable de cette famille au départ ni plus ni moins
troublée qu’une autre.

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