• “Because we looove making movies !” : les bonus d’Inglourious Basterds

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

basterds-10Où ?

A la maison, en DVD zone 1 (une manœuvre pour tenter de l’avoir avant sa sortie en France en zone 2, qui a en définitive échoué)

Quand ?

Dimanche

Avec qui ?

MaFemme

Et alors ?

 

Le double DVD d’Inglourious Basterds comporte
son lot de suppléments sympathiques (en plus du fait qu’aucun ne soit parfaitement inutile) : l’interview de l’acteur vétéran Rod Taylor qui joue ici Winston Churchill, un court module sur
le film Inglorious Bastards d’origine et ses géniteurs, ainsi qu’une assez longue – trente minutes – discussion avec Brad Pitt et Quentin Tarantino qui permet aux deux hommes de
rentrer quelque peu dans les détails de leur collaboration et de leur plaisir à fabriquer respectivement leur rôle et leur film. Tarantino profite également de l’occasion pour confirmer ce qu’il
a déjà dit : aucune image ne sera montrée de la séquence entière supprimée du montage final, qui contait comment Shosanna avait hérité du cinéma qu’elle possède en 1944. Comme l’a dit
MaFemme, il ne reste plus qu’à attendre le décès du cinéaste pour qu’enfin soient révélées ces scènes (qui impliquent entre autres Maggie Cheung).

basterds-11

Mais la section de bonus resterait anecdotique s’il n’y avait que ça. Heureusement, elle comprend une autre facette autrement plus intéressante. Celle-ci prend forme au moyen d’éléments récoltés
ici et là et qui finissent par former une apologie du cinéma que Tarantino chérit – à travers une attaque en règle du cinéma totalitaire et inepte qu’il exècre. La résistance de Shosanna à
l’envahisseur nazi, c’est une résistance du cinéma de quartier et d’auteur contre les produits de consommation et de propagande qui nous sont assenés à longueur de temps via la publicité et la
distribution massive en multiplexes. La fameuse phrase de Shosanna « ici nous respectons les réalisateurs » trouve ainsi sa contrepartie négative dans la bouche de Goebbels
dans la version longue du déjeuner au restaurant : « J’ai interdit les critiques de films !!! ».

 

basterds-12Un aperçu plus large de l’œuvre de ce Goebbels de
fiction, transformé par Tarantino en patron de studio et super bad guy d’un affrontement ayant pour finalité le sort du cinéma, nous est présenté dans les suppléments. La version
« complète » (avec générique, personnages secondaires, ersatz de scénario et clin d’œil au Cuirassé Potemkine) du film dans le film Stolz der Nation est une délicieuse dénonciation
au deuxième degré des travers habituels des blockbusters sans âme et sans cervelle : mal écrits, mal filmés, mal montés, bref sans aucun respect pour le septième art. Mais c’est le
vrai-faux making-of de ce vrai-faux film qui représente la pièce maîtresse de ce DVD. Il se contente de mettre dans la bouche de ceux qui ont fait Stolz der Nation (dans l’univers
parallèle d’Inglourious Basterds, s’entend) les banalités ronflantes et vides répétées à l’identique d’un « making-of » promotionnel à l’autre – l’équipe était
formidable, c’est le meilleur film que j’ai jamais fait, il est porteur d’un vrai message fort, etc. Un détail change tout, cependant. Ces intervenants enthousiastes sont des nazis, défendant
avec ardeur un pur film de propagande nazie. La facilité avec laquelle les prêches auto satisfaits des grosses machines hollywoodiennes (ou d’ailleurs) peuvent s’intégrer à cet endoctrinement
d’un tout autre style fait froid dans le dos. Et fait d’Inglourious Basterds un long-métrage bien plus engagé qu’il n’y paraît de prime abord.

 

Les commentaires sont fermés.