• Kick-Ass, de Matthew Vaughn (USA, 2010)

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Où ?

A la maison, sur Canal+ à la demande

Quand ?

Samedi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Comme il le clame, Kick-Ass n’est effectivement pas un film de super-héros comme les autres. Mais c’est parce qu’il n’est pas un film de super-héros, tout court, et est en vérité un mutant de cauchemar, un monstre fusionnant le pire du teen movie, du vigilante movie et du Sundance movie et se pointant sur les écrans avec une tenue racoleuse et un sourire enjôleur. Le teen movie, ou tout du moins son enveloppe décharnée, régente la partie du film consacrée à la vie non masquée du héros de service. Il se nomme Dave, il est lycéen, puceau, nerd introverti traînant avec deux de ses semblables, d’une banalité confondante – ni riche ni pauvre, ni intelligent ni crétin, etc. – qui tourne à la vacuité narrative. Un ahurissant coup de force du scénario, ne reposant sur rien de solide, lui permettra de gagner le cœur, les bisous et l’accès aux sous-vêtements d’une des plus jolies filles du lycée, personnage encore plus vide que Dave puisque rien ne nous est dit ou montré de sa vie. Une parfaite trophy girl placée à la terminaison d’un récit de revanche de loser tout ce qu’il y a de plus défraîchi, dont l’indigence fait peine à voir alors qu’existent des accomplissements adolescents comme Supergrave.

La nuit, Dave enfile sa combinaison et son masque verts et arpente les rues à l’affût de criminels à stopper, sous le sobriquet de Kick-Ass. A l’image du héros de Super, il n’a ni mutation, ni pouvoirs, ni argent. Mais Dave, aussi superficiel et creux avec le masque que sans, n’a même pas non plus de tristesse ou d’illumination comme c’est le cas dans Super – film mille fois supérieur malgré ses défauts. Kick-Ass invente ainsi un super-héros sans dualité entre sa puissance extérieure (ses pouvoirs) et sa fragilité intérieure (ses responsabilités et/ou malédictions)… soit la reproduction exacte du protagoniste de vigilante movie, ces films de vengeance personnelle intransigeante et souveraine qui pataugent tous dans la même mare éthique insalubre et grossière. Cette direction, le film l’emprunte formellement quand débarque le duo constitué de Hit Girl et Big Daddy, qui sont pour le coup d’authentiques vigilantes punissant eux-mêmes les vilains et non de médiocres amateurs comme Kick-Ass. Leur surgissement inattendu est effectivement une très bonne surprise, parce que Nicolas Cage, et parce que Hit Girl est une gamine de dix ans. Mais si la voir une fois trucider de la racaille à la chaîne amuse, la répétition à tout bout de champ du motif parce que le film n’a rien d’autre à proposer finit par lasser. Et une fois dissipé cet écran de fumée de la vague provoc, la réalité peu reluisante pointe : les gentils étant gentils, et les méchants étant méchants (une bande mafieuse nous ramenant aux pires heures des films d’action des 80’s), les premiers peuvent massacrer les seconds en toute impunité manichéenne, avec le sourire et sous les applaudissements.

Dans sa forme, Kick-Ass ne vaut pas mieux que sur le fond. On est face à un produit du circuit indépendant américain formaté à l’extrême selon les canons du genre. Tout est passe-partout, fade, confortablement centriste en somme : la mise en scène (traversée des mêmes effets de manche stylistiques que chez tous les voisins), la musique, le scénario tracté par une voix-off pénible, les comédiens – évidemment que Nicolas Cage sort encore plus du lot que d’habitude. Aucun talent ne se fait violence, aucune âme ne se manifeste. Les seuls efforts se sont portés sur l’emballage du produit, conçu de manière à accrocher le regard indolent du client passant entre les rayonnages. Cette tendance lourde de l’industrie, consistant à faire passer du vieux pour du neuf (et des vessies pour des lanternes) au moyen d’un simple coup de peinture sur la façade, a particulièrement bien fonctionné pour Kick-Ass. C’est là le seul intérêt du film : son succès, qui a permis au réalisateur Matthew Vaughn d’enchaîner avec X-men : le commencement – dont la grande qualité devient assez invraisemblable au regard de ce Kick-Ass.

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