• Ha ha ha, de Hong Sang-soo (Corée du Sud, 2010)

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Où ? Au Reflet Médicis Quand ? Vendredi soir, à 19h Avec qui ? Seul Et alors ?

Je m’y étais plus ou moins engagé le jour de sa sortie en salles, alors le voici : mon article sur le dernier film en date de Hong Sang-soo, Ha ha ha. Titre sibyllin, dont l’ambivalence est à rapprocher du récent titre de Philippe Katerine La moustache1 où cette exclamation peut tout autant signifier l’allégresse que l’acrimonie. L’indécision entre les deux sentiments n’est pas plus tranchée dans le long-métrage de Hong Sang-soo. L’éclat de rire qui lui donne son titre y est le mot de la fin d’une conversation au cours de laquelle deux amis ont abondamment échangé des souvenirs, tantôt doux et tantôt amers, qui ont balisé le cours récent de leurs vies respectives. En attendant de savoir si la conclusion sera joyeuse ou triste, le mieux à faire est de prendre les évènements avec détachement, autour d’une (ou plusieurs) bouteille(s) d’alcool. Et de faire sienne la versatilité de l’existence, en riant comme elle semble se rire de nous – Ha ha ha.

Ainsi présenté dans ses grandes lignes, Ha ha ha s’inscrit sans difficulté dans la ligne suivie par l’œuvre du réalisateur. Mais les choses se gâtent lorsque l’on rentre dans le détail de la transformation de ces idées en récit. Hong Sang-soo est confronté au même problème que tous les cinéastes occupant le créneau des chroniques intimistes et sentimentales (Woody Allen en tête) : le renouvellement formel et/ou narratif qu’il est bien nécessaire de mettre en œuvre pour compenser la rengaine quasi invariable du thème. Le début de Ha ha ha déploie deux dispositifs prometteurs, qui semblent en mesure d’assurer la réussite du film. D’une part, une structuration en flashbacks avançant de manière parallèle et contiguë (les deux histoires racontées par chacun des amis prennent place dans la même ville, sur la même période de temps, avec les mêmes protagonistes secondaires) mais sans se croiser ; de l’autre, un humour dont le faible assumé pour le grotesque provoque de francs éclats de rire. Cependant, à mesure que l’histoire progresse et tisse sa toile de chassés-croisés amoureux, l’effet de ces deux pratiques se dilue. Elles ne sont plus la force motrice première du film, mais de simples additifs plaisants qui camouflent mal que tout cela – le récit, ses personnages, son auteur – tourne finalement en rond. On suit ces errances romantiques de trentenaires maladroits et incertains avec un intérêt plus poli que convaincu. Et lorsque nos pensées vagabondent durant la projection, on se dit que le cinéma de Hong Sang-soo traverse depuis quelques années une passe hésitante : Ha ha ha vient en effet s’ajouter à une liste de réalisations anodines (Conte de cinéma, Woman on the beach, Les femmes de mes amis) d’où émerge l’unique exception Night and day.

1 en cadeau bonus, le clip :

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