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- Night and day, de Hong Sang-soo (Corée du Sud, 2008)
 
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Où ?
Au MK2 Beaubourg, dans la toute petite salle 6 (où j’ai vu il y a quelques mois Andalucia)
Quand ?
Samedi après-midi
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
    Bien qu’un autre de ses films (Woman on the beach) soit prévu dans les salles le 20 août prochain, Night and day est à ce jour le dernier – et 8è au total -
    long-métrage du cinéaste coréen Hong Sang-soo. Hong a été découvert en France il y a quelques années avec les films Turning gate et La femme est l’avenir de l’homme, films dont Night and day prolonge
    tranquillement la petite musique douce-amère. Les œuvres de Hong n’apportent aucune révolution de l’une à l’autre, elles ne sont que des variations autour des mêmes personnages et sentiments ; ce
    qui a d’ailleurs pour conséquence qu’il y a tout à gagner à aller en salle découvrir un de ses films, puisqu’en aimer un est l’assurance d’aimer tous les autres.
  

    Night and day est une porte d’entrée idéale, puisque Hong lui-même vient jusqu’à nous en situant l’action à Paris, avec 2 excursions à Deauville. Sung-nam, le personnage central,
    émigre en urgence en France après que la police se soit mise à sa recherche pour avoir fumé un joint (apparemment on ne rigole pas du tout avec
    ces choses-là en Corée du Sud). Là, il s’intègre à la petite communauté coréenne du 14è arrondissement, et sa vie nous est contée sous la forme d’un journal intime – de courtes saynètes
    introduites par une date – entre banales aventures du quotidien et désirs sentimentaux troublés. Ce second point est récurrent chez Hong, et central dans ses films qui ont tous pour héros des
    hommes à la fois obsédés par les femmes et lâches à l’idée de s’engager vis-à-vis d’elles, ayant de plus l’alcool facile et la cuite triste. Night and day ne déroge pas à la
    règle, même si cette fois les femmes sont traitées au même niveau que les hommes, comme des personnalités complexes et possédant elles aussi leurs défauts – d’où, ironiquement, la possibilité
    d’une fin moins tragique que précédemment. On retrouve dans Night and day cette alternance mélancolique et emplie d’une grave futilité (ou d’une futile gravité) de scènes, à 2 ou
    3 personnages, de beuveries mal contrôlées et de coucheries maladroites et le plus souvent improvisées – donc d’un réalisme rare et touchant. Dans les unes comme dans les autres, Hong fait preuve
    d’un talent constamment surprenant pour montrer à la fois les émotions profondes des personnages et leur incapacité à les exprimer correctement.
  

La transposition de ces motifs habituels
    sur un autre continent apporte à Night and day de la matière supplémentaire, qui explique sa durée – 2h20. Hong est captivé par Paris, cette ville qu’il découvre et ces mœurs
    qu’il ne comprend pas, comme un touriste non pas extatique mais curieux de tout et amusé de son ignorance. Cela donne des dialogues malins et qui renforcent l’ancrage du film dans la réalité (de
    la même manière que le parcours de Sung-nam dans les différentes strates de la communauté coréenne – artistes, commerçants, et un aparté impertinent sur une rencontre avec un nord-coréen).
    Surtout, ce plaisir de l’immersion dans une nouvelle culture mène la mise en scène vers une réjouissante indécision. Poursuivant l’idée du journal de voyage, Hong semble se poser dans chaque
    séquence la question de ce qui est le plus intéressant à filmer : les déboires sentimentaux de Sung-nam entre les 2 femmes qu’il désire (plus celle qu’il a laissée en Corée), ou les mille détails
    qui attirent son œil dans Paris ? Du caniveau au tarmac de l’aéroport, des affiches dans la rue au tableau de Courbet L’origine du monde (que Hong détourne avec beaucoup d’humour pour
    signifier que la passion de Sung-nam pour une jeune fille démarre par sa fascination pour ses pieds dépassant de sous la couette), ces détails emplissent le film et en changent constamment la
    perspective, ce que Hong traduit visuellement de fort belle manière par un usage adroit d’une technique honnie depuis des décennies : le zoom pendant un plan.
  

L’aventure entre Sung-nam et la jeune
    étudiante Su-jeong, tous les 2 timides, un peu tricheurs et surtout malhabiles envers les autres (et auxquels les comédiens Kim Young-Ho et Hwang Soo-Jeong apportent des interprétations subtiles
    et émouvantes) sera brutalement interrompue par une nouvelle qui force le retour de Sung-nam auprès de sa femme. Dans un nouveau lieu et avec un nouveau personnage, Night and day
    s’achève dans un épilogue en rupture, plus proche des fantasmes de Lynch que des contes de Rohmer, qui nous fait à nouveau ressentir par des moyens détournés l’état d’esprit du héros – et ouvre peut-être la voie vers la 1ère véritable
    bifurcation dans l’œuvre de Hong Sang-soo.
  
