• Gimme the loot, de Adam Leon (USA, 2012)

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Où ?

À Cannes

Quand ?

En mai

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Parce qu’il est américain et indie, j’ai eu peur pendant une bonne partie de Gimme the loot qu’il se perde comme d’autres avant lui (dernier cas en date, Les bêtes du sud sauvage) dans le formatage Sundance, qui rogne l’audace et – précisément – l’indépendance des films. Il n’en est rien. Gimme the loot carbure à une seule chose, l’énergie de la jeunesse de ceux qui l’ont fait, et ne la trahit jamais. On suit 48 heures de la vie d’un duo d’ados graffeurs du Bronx, Malcolm et Sofia, qui tentent de réunir 500$. C’est ce que leur demande un garde du stade des New York Mets pour les y faire entrer, et ainsi leur permettre d’entrer dans l’histoire comme étant les premiers à y tagger. La somme est énorme pour eux, et Gimme the loot ne l’oublie jamais dans son enchaînement de combines rapportant quelques dizaines de dollars, et de galères les faisant perdre dans la foulée.

C’est la vertu centrale du film, que de faire corps avec l’humilité et l’humanité de ses héros. Flânant en leur compagnie avec comme lointaine ligne d’horizon ce MacGuffin des 500$, Adam Leon tisse un art de la nuance et du détail. En l’entretenant dans toutes les formes d’interactions – entre individus, entre classes sociales, entre la ville et ses habitants –, il niche son récit dans un état d’équilibre délicat et délicieux. Leon refuse toutes les postures trop entières, par définition réductrices. Ses personnages ne sont assignés à aucune case, asservis par aucune fatalité, même s’ils ne sont pas pour autant entièrement émancipés et tout-puissants. Évidemment, des cloisons existent, mais Gimme the loot affirme avec justesse qu’elles sont dressées avec suffisamment de jeu pour qu’existe une marge de manœuvre. Dans laquelle il ne tient qu’à chacun d’infiltrer un peu de vitalité, de plaisir, d’imprévu.

La culture de cette bande de liberté fait de Gimme the loot une entreprise cool sans être bête, fière sans être arrogante, sympa sans être aseptisée. Comme leurs voisins de The we and the I Malcolm et Sofia ne sont pas des dangers pour la société, mais les règles de la street life sont telles qu’ils ne peuvent être des anges pour autant. On le ressent en particulier dans leur rocambolesque tentative de cambriolage chez une riche fille blanche, adroitement menée dans son mélange de détermination, témérité et amateurisme. Au contraire de Gondry qui garde ses personnages dans leur bus, Leon adresse le sujet du rapport de son duo de héros à New York ; avec, là encore, élégance et subtilité. Au fil des micro-évènements il capte l’essence de ce qu’est la vie dans une si grande ville, alternant opportunités et contraintes, brassage fantastique de tous et renvois brusques à votre camp d’origine. Stimulant et généreux sur ce plan comme partout ailleurs, avec en prime, pour conclure, une pointe d’émotion joliment amenée qui nous rend Malcolm et Sofia encore plus attachants, Gimme the loot est une délicieuse bouffée d’air frais. Un « petit » film de rêve, qui fait la nique à quantité de gros.

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