• The we and the I, de Michel Gondry (USA, 2012)

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Où ?

À Cannes

Quand ?

En mai

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

The we and the I, qui a fait l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, est en premier lieu une démonstration supplémentaire de la plus grande qualité de Gondry, son éclectisme fébrile et toujours surprenant. Touche-à-tout vibrionnant, l’ex-clippeur alterne réalisations françaises et américaines, à budget gros ou tout petit, allant chercher vers l’onirisme ou le documentaire. Ces différentes briques, il les rattache et les dispose au gré de son inspiration du moment, sans se soucier de règles préétablies ou de notices d’emploi. Ainsi, l’idée de The we and the I vient pour une part du bus n°80 de… Paris, et pour l’autre de l’école à classe unique dans les Cévennes où officiait la tante de Gondry. Et pourtant, le film s’inscrit dans la lignée d’un de ses « petits » longs-métrages américains méconnus, Block party, consacré à un concert de quartier dans Brooklyn. Il en est plus ou moins la suite, faisant deux légers pas de côté – de Brooklyn au Bronx, et du documentaire à la fiction. On y suit le dernier trajet en commun dans le bus scolaire d’un groupe d’ados, avant les vacances d’été. Cette triple unité, de lieu, de temps et d’action est une amorce géniale, déclenchant un démarrage en fanfare nourri à l’énergie adolescente sous sa forme la plus pure.

L’inspiration documentaire (les acteurs, tous amateurs, interprètent des rôles que l’on suppose proches d’eux-mêmes, à la façon de la série Skins) sied vraiment bien à Gondry, elle lui donne toujours ses plus beaux personnages. Ses ados sont vrais, complexes, bêtes et méchants pour les uns, renfrognés et marginaux pour les autres, mais tous passionnants et pris pour ce qu’ils sont, sans aucun jugement ou sentence dans quelque sens que ce soit. Le film est dénué de toute forme de déterminisme trop sévère, sociétal ou moral, c’est réjouissant. De plus au contact d’eux, de leurs crasses et incivilités gratuites, le cinéma de Gondry le gentil garçon s’endurcit, se fait plus mordant. Mais pas encore assez pour le sortir de sa bulle de délicatesse, ainsi que le prouve la dernière demi-heure où le metteur en scène reprend un peu trop ouvertement et maladroitement le contrôle de ses protagonistes, avec les meilleures intentions à leur égard. A mesure que leur nombre diminue et que leurs identités dissimulées s’affirment (le passage du « we » au « I » énoncé dans le titre), il les fait rentrer dans des cases de scénario convenues en voulant tous les tirer vers le haut – ce dont ils n’avaient nul besoin. Cette velléité de les mettre au service d’une histoire, d’un propos, les dévitalise en partie. Elle prouve par ailleurs, une fois de plus, que Gondry éprouve toujours plus de difficultés avec le drame intimiste qu’avec la comédie foutraque et de bande.

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