• Piégée, de Steven Soderbergh (USA, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Lundi soir, à 22h30

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Steven Soderbergh tourne toujours autant, pour un résultat toujours aussi inconstant. On dirait un de ces metteurs en scène stakhanovistes des plateaux de cinéma de l’âge d’or d’Hollywood, à la différence que ceux-ci avaient l’excuse de leur condition d’employés, liés par contrat et bien obligés d’accepter ce qu’on leur donnait à filmer. Soderbergh, lui, prospère ouvertement sur les privilèges du statut privilégié et récent d’auteur, qui a un pied dans le système et l’autre en dehors. Son carnet d’adresses semble contenir les contacts de toutes les stars internationales, qu’il a toute latitude pour faire jouer dans tout et n’importe quoi. Ces temps-ci, le n’importe quoi l’emporte, Piégée comme Contagion juste avant lui étant de fades déclinaisons sur des thèmes de base de série B. Sous le miroitement du vernis haut de gamme appliqué par Soderbergh (casting VIP, habillage arty), la tribu à laquelle appartiennent ces deux films est celle des téléfilms de milieu d’après-midi et autres direct-to-dvd.

C’est particulièrement criant pour Piégée, qui présente tous les attributs du film d’action bradé pour une poignée d’euros dans les fonds de bacs et diffusé en VF sur la TNT. Le scénario tient sur un timbre-poste (l’héroïne fuit les méchants qui veulent sa peau, puis les pourchasse à son tour une fois qu’elle a gagné les faveurs d’un deus ex machina), avec une narration somnifère car sans enjeux ni mystères. Le rôle principal est confié à une professionnelle des boxes en tous genres mais n’ayant aucun talent de comédienne, autour de qui viennent mollement pantoufler des acteurs plus ou moins has been – Douglas, Banderas, Paxton, McGregor, dont les films valables au cours des dix années écoulées se comptent sur les doigts d’une seule main. Seul le duo Fassbender-Kassovitz tire un peu son épingle du jeu, dans une séquence malheureusement annexe, parenthèse vite refermée dans le cours du récit.

Les combats qui émaillent le récit sont réussis, au-dessus de la moyenne dans leur exécution et leur captation, toutes deux très fluides ; mais comme c’était également le cas pour le récent The raid, cela ne suffit pas à faire un film. La mise en scène fait défaut. Elle n’est pas assez sincère et modeste pour jouer le jeu de la série B épique au premier degré, qui fait corps avec ses personnages ; et n’est pas non plus assez généreuse et dingue pour porter les codes du genre à leur jubilatoire point d’implosion, à la manière de Tarantino ou des Coen. Soderbergh fait du style pour le style, racé, cool, mais creux (les lumières et filtres jaunes partout, c’est joli, mais à quoi bon ?). Le vice est connu, et a tendance à resurgir dès lors qu’il n’y a pas devant la caméra quelqu’un de suffisamment intense – Clooney, Del Toro, Sasha Grey – pour faire contrepoids et apporter de la substance, une âme dont le cynique cinéaste semble bel et bien dépourvu.

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