• Redline, de Takeshi Koike (Japon, 2009)

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Où ?

A la maison, après l’avoir raté à l’Étrange Festival. Le film est sorti en France en DVD et Blu-Ray ce mercredi 19 octobre

Quand ?

Samedi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Redline marque enfin le passage du talentueux Takeshi Koike à la réalisation d’un long-métrage d’animation. Si son nom ne vous dit probablement rien, celui d’Animatrix devrait par contre faire plus d’effet. Koike est l’auteur de l’un des plus spectaculaires courts de cette compilation, World record. Cette histoire d’un coureur de 100 mètres si puissant qu’il parvient à traverser l’enveloppe de la Matrice, en poussant les limites physiques humaines au-delà de l’imaginable, trouve un prolongement direct dans la sidérante séquence d’ouverture de Redline. La course à pied est remplacée par la course automobile, mais ce nouveau thème sert de socle à la même alchimie explosive entre un principe de récit unique (la vitesse pure) et un trait de dessin aux mutations infinies.

En s’immergeant pour Redline dans un univers de science-fiction intégrale, là où World record s’astreignait à être somme toute réaliste (afin de décupler l’effet de son coup de théâtre), Koike s’offre encore plus de latitude pour explorer toute la gamme des idées visuelles les plus délirantes. Design de base des véhicules, pouvoirs spéciaux qui modifient leurs performances autant que leur forme lorsqu’ils sont activés en cours de compétition, tracés des circuits sur toutes sortes de planètes, apparence physique des pilotes où les humanoïdes sont en minorité… Dès ses dix premières minutes, Redline concrétise une synthèse entre Speed racer et la séquence de course de Star wars : La menace fantôme, sous une forme animée qui autorise à pousser encore plus loin dans le rouge tous les curseurs à disposition – sensation de vitesse extrême, altération de la perception, dangerosité des péripéties.

La pompe à adrénaline tourne déjà à plein régime, et pourtant il apparaîtra clairement dans la dernière demi-heure que Redline en avait encore sous le pied. Le lien entre l’introduction survoltée et ce long orgasme final, le scénario le réalise en surjouant son statut de prétexte. Koike ne s’ennuie pas – et, plus important, ne nous ennuie pas – à construire quoi que ce soit, étant tout aussi conscient que nous que l’unique finalité viable de son intrigue est la course, rien que la course ; mais toute la course. Il se sert donc de son script comme d’un espace disponible dans lequel il accumule, en les jetant là un à un et pêle-mêle, un nombre déraisonnable d’idées de rivalités, trahisons, machinations et autres embûches qui viendront pimenter la course à venir. Et Koike a suffisamment d’humour et de créativité dans le design (tant des personnages que de leur environnement) pour rendre chacune de ces saynètes divertissante le court temps qu’elle dure.

Puis vient le temps de la course. Plus vite qu’on ne l’aurait pensé, mais avec bel et bien suffisamment de coffre pour tenir aisément la distance jusqu’au générique de fin. Koike tire ses différentes cartouches narratives avec un sens du tempo parfait, assurant une montée en puissance à la fois continue et intense. Sa plus grande force est de ne reculer devant aucun extrême, qu’il soit scénaristique (l’improbable et colossale arme secrète du peuple habitant la planète sur laquelle la course se déroule de manière illégale) ou plastique. Plus Redline approche de la ligne d’arrivée et plus il prend une forme hybride étonnante, exceptionnelle, à la fois organique – tout, des êtres aux machines et aux éléments autour, tend à se fondre en une seule présence visuelle – et abstraite, avec une réalité physique de plus en plus malmenée par les chocs et les vitesses extrêmes. L’expérience sensorielle proposée au spectateur est une pure folie, qui s’appuie sur une animation poussée dans ses retranchements en termes de fluidité et de richesse des images. Redline, c’est la théorie de la relativité appliquée au dessin animé et au film de voitures.

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