• One Piece : strong world, de Munehisa Sakai (Japon, 2009)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Vendredi matin, à 11h30

Avec qui ?

Mon compère de films d’animation

Et alors ?

Vous ne connaissez rien à la saga de mangas au long cours (le premier tome remonte à 1997, et le dernier paru à ce jour est le 62è) One Piece ? Aucun problème. C’était également mon cas en entrant dans la salle – tout juste savais-je qu’il était plus ou moins question de pirates. Un rapide briefing pendant les bandes-annonces par l’ami qui m’a proposé d’aller voir le film a complété mon savoir d’une information : les personnages, gentils comme méchants, sont dotés de pouvoirs spéciaux obtenus en consommant des « fruits du démon ». Le personnage principal et capitaine du navire des héros, Luffy, est ainsi un homme-caoutchouc. Les spécialités de la plupart des autres membres de l’équipage sont plus ardues à résumer en quelques mots, et sont de toute manière rappelées (ou présentées) avant de faire quoi que ce soit d’autre, au cours de la phase d’exposition du film. Elles y paraissent comme étant d’une excentricité inouïe, de même que le bestiaire mutant et improbable auquel chaque groupe de héros est confronté. C’est l’une des deux premières choses qui sautent aux yeux dès cette introduction ; l’autre est le tempo survitaminé immédiatement imposé au récit. Ni l’une ni l’autre ne feront par la suite défaut, ne serait-ce qu’une seconde.

One piece : strong world s’inscrit de fait, pour notre plus grand plaisir, dans la longue lignée des œuvres d’animation japonaises jubilatoires parce qu’hystériques et branchées à une source d’adrénaline intarissable. La dernière en date à avoir eu l’honneur d’une sortie en salles en France était l’excellent Summer wars, il y a un an de cela[1]. One piece n’est pas tout à fait aussi marquant que son prédécesseur, en raison de son impasse complète sur les ambitions de fond. On n’y trouve ni message moral, ni évocation de la société réelle qui existe à l’extérieur de la salle de cinéma. La créativité et le génie du film s’expriment de façon exclusive dans des tâches mineures – même son ampleur narrative est somme toute restreinte, alors que l’ouverture avait fait miroiter un récit d’aventure plus épique et faramineux. C’est là le seul point que l’on peut véritablement reprocher à One piece, de rester dans un état stationnaire, avec une arène, des combattants, des règles du jeu et des spécificités du lieu établis une fois pour toutes en préambule. One piece n’est rien d’autre qu’un team battle de presque deux heures. Mais le fait qu’il tienne cette durée sans jamais ennuyer, ou même baisser d’intensité, signe précisément sa réussite éclatante.

Le film fait encore mieux que tenir la distance. Il se réinvente sans cesse sur toutes les petites choses qui une fois mises bout à bout composent sa texture. L’inventivité des auteurs est si fertile qu’elle nous convainc que les variations sur les différentes ressources du récit – techniques de combat tirées de leurs pouvoirs par les personnages, altérations génétiques des animaux peuplant ce monde, etc. – sont bel et bien infinies. One Piece est continûment en train de nous surprendre. C’est le paquet de cerises sur un gâteau déjà copieux, qui contient tous les ingrédients les plus savoureux de l’anime japonais : humour bête et méchant, affrontements dantesques, exagération joyeusement outrancière dans la représentation de la moindre émotion (bonheur, peine, colère, honte…) un peu forte. Des plaisir gratuits aussi aboutis et enivrants, on en redemande.

[1] Et si cela devenait une habitude de voir surgir chaque été un divertissement de qualité en provenance du Japon, une telle alternative pérenne à l’hégémonie américaine sur cette saison serait plus que bienvenue

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