• Moi, député, de Jay Roach (USA, 2012)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans une des trois grandes salles

Quand ?

Mercredi jour de la sortie, à 19h

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

A l’occasion de notre élection présidentielle de 2012, nous avons eu au cinéma le trop vite passé à la trappe Hénaut président, signé Michel Muller. Avant la leur, les américains ont ce Moi, député (en V.O. The campaign) aux moyens et à la diffusion autrement plus conséquents. Mais pour les films qui traitent de politique comme pour la politique elle-même, il faut se méfier des candidats jouissant d’une abondance de biens : ce sont souvent les plus mollement consensuels, et les plus prompts à jouer les girouettes suivant le sens du vent dominant. Moi, député a à sa disposition l’artillerie lourde de la comédie américaine, avec l’efficace Jay Roach (les séries Austin Powers, Mon beau-père et moi) à la réalisation, le duo Will Ferrell – Zach Galifianakis s’écharpant sur le devant de la scène pour un siège au Congrès, et une bonne dose de seconds rôles illustres, Dan Akroyd, Dylan McDermott et autres. Le film fait bon usage de tout cela pendant un temps, trop court. Ses débuts sont honorables, et prometteurs, avec l’installation d’une vision satirique de la politique se rapprochant de celle que Zoolander donnait de la mode. Les candidats mis en avant sont des pantins manipulés par des lobbys économiques restant dans l’ombre, situation dramatique que la crétinerie des premiers et la caricature au vitriol des seconds rend rageusement comique.

La machine se grippe quand vient le moment de passer la seconde. Moi, député échoue nettement à continuer à aller de l’avant, en renouvelant son stock de gags ou bien en renchérissant adroitement sur ceux déjà décochés. Au lieu de quoi, il pantoufle de plus en plus paresseusement, épuisant les ressources limitées de son programme initial sans pour autant faire de cette détérioration une ligne de fuite qui se matérialiserait par un éclat irréversible, un coup de folie, une transgression. Ferrell et Galifianakis, leurs personnages ahuris et leur style de jeu propice à l’outrance forment pourtant une souche propice, et même semblent n’attendre que ça. Mais rien ne vient, pour une raison qui éclate au grand jour dans la dernière ligne droite, détestable, du récit : Moi, député est un film dans le fond éminemment sérieux, et militant. Au service d’une cause qui n’est véritablement pas ma tasse de thé, au point que me la faire servir de manière si véhémente et inattendue me laisse avec un goût très désagréable dans la bouche. Tout au long des édifiantes scènes qui concluent Moi, député, on attend en vain que surgisse un clin d’œil, un indice, une blague, n’importe quoi venant signifier qu’il ne fait pas véritablement sien ce discours populiste rance sur la corruption, la malhonnêteté et l’incompétence généralisées des dirigeants, et le remède exemplaire que constituerait la trithérapie pureté d’âme – franchise absolue – foi chevillée au corps. Mais non, le film tourne bel et bien à l’embuscade ayant pour but de nous imposer un meeting du Tea Party, jusque dans l’exhibition de ses fameux balais censés nettoyer Washington. Le pauvre Will Ferrell devait vraiment avoir besoin de se refaire commercialement pour participer à cet accablant tableau, lui dont tous les films personnels (de Talladega nights aux Rois du patin) ridiculisaient ce soi-disant bon sens populaire, ruant dans les brancards de cette version nocive de l’American way of life.

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